Le 7 mai 2025, Bernard Fontana prend les rênes d’Électricité de France (EDF) en tant que président-directeur général. Sa nomination marque un tournant stratégique pour le groupe énergétique français, alors que la relance du nucléaire et la sécurisation du mix énergétique national figurent parmi les priorités du gouvernement. À la tête d’un fleuron industriel, Fontana incarne un profil atypique, forgé par une longue carrière dans des secteurs industriels de pointe, en grande partie en dehors du giron public.
Né en 1960, ingénieur diplômé de l’École Polytechnique et de l’ENSTA, Bernard Fontana débute sa carrière dans l’industrie chimique, au sein de la Société Nationale des Poudres et Explosifs (SNPE). Rapidement, il se fait remarquer pour ses compétences techniques et son sens du management. Il rejoint ensuite ArcelorMittal, où il occupe plusieurs postes de direction pendant près d’une décennie. Cette première expérience dans un environnement industriel exigeant marque le début d’un parcours orienté vers les grands groupes internationaux.
En 2011, il devient PDG d’Aperam, un producteur d’acier inoxydable, puis prend la tête de Holcim, l’un des géants mondiaux du ciment, qu’il dirige de 2012 à 2015. À ce poste, il est confronté à la complexité des restructurations industrielles à l’échelle internationale, à la gestion de fusions, et à la pression des marchés financiers. Il y développe un style de direction à la fois rigoureux et orienté vers la performance, ce qui lui vaut d’être repéré pour piloter des projets sensibles.
En 2015, il entre dans l’univers de l’énergie nucléaire, en devenant directeur exécutif d’Areva NP, avant de prendre la présidence du directoire de Framatome en 2016, à la suite de son rachat par EDF. À la tête de cette entreprise spécialisée dans la fabrication et la maintenance de réacteurs nucléaires, il mène un travail de restructuration en profondeur. Il ramène Framatome à l’équilibre financier, redonne confiance aux partenaires internationaux, et réorganise les activités autour des nouveaux enjeux de la filière. Son expérience technique et stratégique dans le nucléaire fait de lui une figure incontournable du secteur.
Il préside également Arabelle Solutions, la société chargée des turbines nucléaires issues du rachat par EDF des activités de GE Steam Power, et siège à plusieurs conseils d’administration dans les secteurs de l’énergie, de la défense et de l’industrie. Très impliqué dans la gouvernance de la filière nucléaire, il contribue aux réflexions sur la souveraineté énergétique et la sécurité d’approvisionnement de la France.
Son parcours, bien que salué pour sa constance dans les environnements industriels complexes, suscite aussi des réserves. Certains observateurs dénoncent une vision trop managériale ou technocratique, éloignée des valeurs de service public qui caractérisent historiquement EDF. D’autres pointent une forme d’opacité dans certaines décisions prises à la tête de Framatome ou lors de partenariats industriels.
Désormais à la tête d’EDF jusqu’en 2028, Bernard Fontana devra capitaliser sur son expérience pour piloter les chantiers majeurs de la décennie, dont la construction des six nouveaux EPR2, le dialogue avec les grands clients industriels, et la consolidation du rôle d’EDF dans la transition énergétique. Son parcours, entre industrie lourde, nucléaire et gouvernance internationale, sera mis à l’épreuve dans une mission à haute intensité politique, économique et sociale.
EDF, créé en 1946 et employant 159 740 personnes, est spécialisée dans le domaine de la [...]
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