Dirigeant Entreprises
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Vivendi vient d’officialiser la vente des dernières parts qu’il détenait au sein du capital d’Ubisoft, l’éditeur de jeux vidéo français. Alors qu’il souhaitait initialement prendre le contrôle d’Ubisoft, Vivendi s’est finalement résolu à vendre ses parts face à l’hostilité de la famille Guillemot, fondatrice et actionnaire de référence de l’éditeur.

Ainsi Vivendi a fini par lâcher définitivement Ubisoft. Le groupe dirigé par Vincent Bolloré vient en effet d’acter la cession des dernières parts qu’il possédait au sein de l’éditeur de jeux vidéo. Désireux de renouer avec le jeu vidéo après la vente des parts qu’il possédait chez Activision Blizzard, Vivendi jette son dévolu fin 2015 sur les éditeurs français Ubisoft et Gameloft, tous deux contrôlés par la famille Guillemot, fondatrice et actionnaire de référence de ces deux marques. Une arrivée en douceur avec des participations à hauteur de 6,6 % et 6,2 % dans l’espoir d’une collaboration avec les propriétaires historiques. Sauf que ces derniers n’ont jamais souhaité l’arrivée de Vivendi au sein de leur capital.

Une plus-value de 1,2 milliards d’euros pour Vivendi

Une bataille s’engage alors et Vivendi affiche une stratégie plus agressive en s’emparant de Gameloft grâce à une OPA. La même opération échoue sur Ubisoft qui résiste grâce à une mobilisation d’actionnaires plus solides qui sont convaincus par la direction de ne pas vendre leurs parts à Vincent Bolloré. Pendant deux ans, Vivendi tente de prendre le contrôle d’Ubisoft en achetant jusqu’à 30 millions d’actions pour un coût total de 794 millions d’euros qui lui confère une participation totale de 27,4 % au sein du capital. L’échec de cette « prise de contrôle rampante », comme le dénonce le P-DG d’Ubisoft Yves Guillemot, provoque un essoufflement de la part de Vivendi qui annonce au printemps 2018 sa volonté de se désengager progressivement.

Ainsi, les 27,4 % des parts possédées par Vivendi sont définitivement vendues début mars 2019 avec la cession des derniers 5,87 % qui lui restaient dans le capital pour un prix total de deux milliards d’euros, soit une plus-value de 1,2 milliards d’euros. Convaincus d’investir par Ubisoft, le fonds d’investissement Ontario Teachers et le Chinois Tencent acquièrent respectivement 3,4 % et 5 % du capital. Ubisoft ressort finalement satisfait de ce passage de Vivendi puisque l’action de l’entreprise a été nettement valorisée et la position de sa direction historique s’est considérablement renforcée en remportant son bras de fer avec Vincent Bolloré qui lui, peut se satisfaire de sa belle plus-value.

Encore un avenir dans les jeux vidéo ?

Avec cette cession, Vivendi s’engage à ne plus acquérir d’actions d’Ubisoft pendant une période de cinq ans. L’avenir du groupe dans le monde des jeux vidéo n’est pas pour autant compromis comme le confirme un communiqué officiel indiquant qu’il a « l’intention de continuer à se renforcer » dans ce secteur.

Le groupe de Vincent Bolloré possède toujours le contrôle de Gameloft dont le chiffre d’affaires a toutefois chuté de 8,3 % à 293 millions d’euros malgré des tentatives pour doper les ventes comme l’achat de l’application de quiz musical Song Pop qui avait pour but de féminiser la fréquentation de Gameloft. Les applications de jeux sur mobile restent d’ailleurs parmi les dernières sources d’optimisme au sein de Gameloft puisqu’elles ont généré une croissance de revenus de 2,1 % l’an passé. Une dynamique qui devrait inciter Vivendi à miser sur les jeux mobiles plutôt que sur les jeux vidéo traditionnels.