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Tati : les candidats repreneurs pour un groupe placé en redressement judiciaire

mercredi 31 mai 2017

Sans plan de reprise globale parmi les repreneurs potentiels, les 1754 salariés du groupe s’inquiètent pour leurs emplois.

La fameuse enseigne aux 130 magasins et l’ensemble du groupe Agora Distribution ont été placés, début mai, en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Bobigny. Il s’agit d’un scénario classique avant une probable cession qui inquiète les 1754 salariés, qui restent dans la crainte de suppressions d’emplois importantes.

Au début du mois de mai, une période d’observation de six mois et la nomination d’un administrateur judiciaire ont été décidées par le tribunal de commerce de Bobigny afin de trouver un repreneur pour Tati, l’enseigne déficitaire qui a accusé une perte opérationnelle de 60 millions d’euros en 2016. La cour examine actuellement les offres de reprise et il rendra sa décision définitive en début juin.

Eram, l’actuel propriétaire de Tati, a décidé de se recentrer sur ses autres marques. En effet le groupe français de distribution de chaussures, textile et bazar créé en 1992 a essuyé des pertes nettes de 250 millions d’euros l’an passé et souhaite donc que le dossier de reprise avance rapidement.

En 2015, il avait déjà voulu vendre Tati, cela sans succès faute d’offre intéressante. Cette fois, les propositions de reprise sont plus nombreuses mais «elles méritent d’être améliorées, notamment sur le plan social », selon les propres mots de Michel Rességuier, P-DG d’Agora Distribution. Car si, à ce jour, sept offres ont été émises, aucune ne semble proposer un plan de reprise globale.

Quel candidat remportera les magasins Tati ?

Le 16 mai dernier, les repreneurs potentiels étaient réunis face aux représentants du personnel réunis au siège social de l’enseigne à La Plaine Saint-Denis. Les représentants des 1754 salariés des magasins Tati se sont retrouvés pour la première fois face à ceux qui, selon eux, veulent mettre la main à peu de frais sur les meilleurs emplacements des magasins administrés par le groupe Agora Distribution en France.

Le 24 mai, les repreneurs potentiels ont enfin déposé leurs offres définitives au tribunal de commerce de Bobigny qui statuera définitivement dans la semaine du 5 juin. Philippe Jeannerot, l’administrateur judiciaire de Versailles, a reçu trois propositions de reprise sur les sept préalablement annoncées. Toutes les offres ont été présentées le 26 mai dernier aux représentants du personnel qui ont déjà fait leur choix.

Gifi a les faveurs des syndicats

En effet l’intersyndicale CGT-CFDT-UNSA s’est prononcée en faveur du groupe Gifi dont le P-DG Philippe Ginestet a déclaré « avoir pour modèle » Jules Ouaki qui a fondé la solderie en 1948. Un argument judicieux qui a d’autant plu qu’il a expliqué que deux ans devraient suffire pour relancer la chaîne.

Le profil de ce self-made-man, ses garanties concernant l’emploi et « la puissance de son enseigne » auraient convaincu les employés, selon le délégué CFDT. Philippe Ginestet a par ailleurs amélioré sa proposition par deux fois depuis le 23 mai. Son offre porte sur la reprise de « 123 magasins, dont 109 en France » s’engageant à assurer l’avenir de « 1300 emplois directs», soit 100 de plus qu’initialement.

Un consortium de circonstance qui réunit Stokomani, Centrakor, La Foir’Fouille et Maxi Bazar a lui aussi fait dans la surenchère. Ils proposent finalement de reprendre 95 magasins tout en s’engageant à conserver les contrats de travail de 1258 personnes.

Une offre qui serait « mieux-disante socialement »

Olivier Rondolotto, le P-DG de Centrakor, présente cette offre comme « mieux-disante socialement que celle de Gifi, si on y inclut les emplois indirects des sous-traitants de Tati ». A l’en croire, pour lutter sur un marché du textile en pleine crise, elle serait également moins risquée que la reprise par Gifi.

Pour vanter les mérites de leur offre, ces acteurs moins connus du grand public ont aussi promis « des offres de reclassement des salariés » et un « accès prioritaire à l’embauche aux employés non repris ». Pour sa part, Maxi Bazar, véritable success-story de la décoration à petit prix, s’est portée candidate pour reprendre 13 magasins Tati dont ceux situés dans le quartier de Barbès.

Babou pourrait reprendre quelques emplacements

Un dernier prétendant, le groupe Babou, espère aussi mettre la main sur six magasins Tati en région parisienne. Cependant il n’a pas réussi à s’entendre avec les autres candidats car l’enseigne ne vise que les meilleures adresses : boulevard Diderot à Paris, Pontault-Combault en Seine-et-Marne, Gennevilliers… Mais ces zones commerciales réputées intéressent également Stokomani, Centrakor et La Foir’Fouille. Alors Thierry Mortier, le P-DG du groupe, est prêt à débourser pour elles près de cinq millions d’euros. Une somme qui pourrait abonder dans le sens du plan de sauvegarde de l’emploi.

Un argument que les juges pourraient bien entendre car le tribunal pourrait obliger les autres candidats repreneurs à s’allier à Babou afin de préserver cette manne au profit des salariés. Surtout quand on sait qu’Eram, qui vend sa filiale Agora Distribution, a essuyé des pertes nettes de 250 millions d’euros l’an passé. Une situation inconfortable qui pourrait convaincre les juges de partager la reprise entre différents acteurs.