Takahiro Hachigo prône un retour aux fondamentaux pour Honda
jeudi 23 juillet 2015
Il y a quelques jours, Takahiro Hachigo a pris ses nouvelles fonctions de PDG du constructeur automobile Honda.
En février dernier, Takanobu Ito, alors président de Honda, annonçait son départ. Fragilisé par une baisse de qualité globale de ses véhicules, le constructeur japonais effectue donc un important virage stratégique en mettant à sa tête Takahiro Hachigo, un des piliers de l’entreprise. Ce dernier s’est fixé comme objectif de privilégier la qualité et l’innovation alors que son prédécesseur misait avant tout sur des objectifs de production et de vente en augmentant notamment les cadences de travail. Il en a découlé de nombreux problèmes avec un impact très négatif en termes d’image pour Honda. M. Hachigo a donc la lourde tâche de faire oublier cette mauvaise passe.
Depuis l’automne 2013, l’industrie automobile est secouée par le scandale Takata. La société japonaise, 2e fabricant mondial d’airbag est accusée d’avoir « privilégié les profits à la sécurité ». Conséquence : de nombreux accidents, certains mortels, dus à des airbags qui se déclenchaient de manière intempestive. Honda, principal client de Takata mais aussi actionnaire de la compagnie a donc été entrainé dans la tourmente et, en quelques années, des millions de véhicules ont été rappelés pour des contrôles de sécurité.
Des millions de véhicules Honda rappelés
En parallèle, au Japon, plus de 400 000 véhicules ont également dû être contrôlés pour des problèmes mécaniques pouvant entrainer l’arrêt soudain du moteur. Ces multiples problèmes auront donc eu raison de Takanobu Ito, qui était à la tête de Honda depuis 2009. Sa volonté, à la tête du 3e constructeur automobile japonais, était de passer de 4 millions de véhicules vendus par ans à 6 millions en 2017. Le problème Takata et cette hausse de cadence ayant un impact conséquent sur la qualité des voitures Honda avaient mis M. Ito dans une situation intenable.
Takahiro Hachigo pour « Surmonter les défis en cours »
Pourtant, le bilan du précédent président n’était pas si mauvais. Il a tout de même à son crédit le retour en F1 de Honda, le lancement d’un nouveau jet privé et d’un véhicule à pile à combustible. Il a aussi permis à Honda de surmonter la crise économique mondiale de 2008 et les conséquences du tsunami de 2011. Par ailleurs, Honda était tout de même dans le top 20 mondiale des entreprises les plus innovantes en 2013, classement établi par le cabinet Booz & Company (devenu Strategy& en 2014). Malgré ces aspects positifs Ito a préféré tirer sa révérence, laissant donc la place à Takahiro Hachigo pour « surmonter les défis en cours ».
Le nouveau PDG a pris ses fonctions il y a quelques jours à l’issu de la dernière assemblée générale des actionnaires. Lors de son premier rendez-vous avec la presse, le nouveau numéro 1 de Honda a déclaré, avec une humilité toute japonaise « j’ai accumulé une expérience dans de nombreux domaines, je pense qu’elle peut être utile à Honda ». Hachigo a fait toute sa carrière au sein de la compagnie japonaise où il est entré en 1982. Il a notamment travaillé à la conception du 4×4 CR-V, toujours très populaire, et du minivan Odissey qui connait un grand succès aux Etats-Unis. Il a ensuite pris la tête des marchés européens, puis chinois de Honda.
Redonner la priorité à la qualité et à l’innovation
Hachigo a aussi dirigé le département recherche et développement du constructeur japonais. Et c’est sans doute cette expérience qui l’a mené à la présidence. Car aujourd’hui, l’ambition est bien de redonner la priorité à la qualité et à l’innovation : « Je veux accorder la priorité au développement de produits de qualité qui feront la fierté de Honda plutôt que de mettre l’accent sur l’accroissement des ventes. Les équipes en charge du développement ont besoin de temps pour créer de meilleurs produits et je veux les soutenir en leur garantissant la possibilité de prendre le temps».
L’objectif est donc très clair pour Honda qui va devoir regagner la confiance des conducteurs après une baisse de 19% des bénéfices en 2014. Un peu à la manière de Toyota en 2012, Honda se doit aussi de changer de politique et de mettre l’accent sur la sécurité, en cela l’expérience de Takahiro Hachigo pourrait être déterminante. Sa volonté de revenir aux fondamentaux de Honda en terme d’innovation mais aussi d’esprit d’équipe devrait au moins lui permettre de dissiper les doutes au sein même de l’entreprise. Mais la route sera longue et Takahiro Hachigo devra conduire prudemment pour remettre Honda dans la bonne direction.