Dirigeant Entreprises
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Salto, la plateforme de TF1, M6 et France Télévisions, a été officiellement lancée le 20 octobre. Si les premiers chiffres d’audience sont tronqués par un premier mois en accès libre, il révèle quelques données intéressantes concernant les profils des potentiels futurs abonnés. 

Salto retombera-t-elle sur ses pieds ? Depuis le 20 octobre, la plateforme VOD des télévisions françaises est enfin lancée. Pari perdu d’avance pour certains, gage de réussite pour d’autres, Salto suscite beaucoup d’interrogations. Évoquée dès le mois de juin 2018, la mise en route de la plateforme a été un peu longue mais finalement réussie par ses trois propriétaires, TF1, France Télévisions et M6. 

Son objectif de départ est de donner une seconde vie aux programmes sans pour autant qu’ils n’aient à passer par des plateformes étrangères. La concurrence de Netflix, Disney ou Amazon est vite évoquée mais ne semble pas effrayer les créateurs de Salto : l’idée est davantage de proposer une alternative française plutôt qu’une vraie concurrence à ces géants.

Force est de constater que ses premiers pas sont porteurs d’espoirs : grâce à une offre gratuite pour le premier mois, Salto recense 100.000 utilisateurs. Un chiffre difficilement lisible puisque le juge de paix sera au moment de la bascule vers le payant et ses formules allant de 6,99 € par mois à 12,99 €. Les préférences des téléspectateurs et leurs profils sont toutefois déjà parlants. Plus de 82 % de ses utilisateurs vivent en dehors de Paris, le quart a plus de 50 ans et 60 % ont entre 25 et 49 ans. 

Sans surprise, ce sont les créations françaises qui attirent ces curieux. Salto propose des comédies bien connues du grand public, comme Les trois frères, Tout ce qui brille ou Case départ et les séries à succès telles Plus belle la vie ou Un si grand soleil. Mais les séries étrangères ont aussi fait leur effet, surtout les classiques comme Desperate housewife ou Malcom

Pas que du réchauffé sur Salto!

Alors que tout le monde attendait du contenu « réchauffé », Salto a également su provoquer un effet de surprise en proposant des créations inédites, en particulier en empochant les droits de Fargo, la série américaine dont les épisodes sortent en France à peine 24 heures après les originaux aux États-Unis.

Reste maintenant à patienter pour en savoir plus sur les ambitions que peut nourrir Salto. Selon le budget prévisionnel, la rentabilité est attendue à partir de la troisième année. Malgré ces chiffres optimistes et ambitieux, les détracteurs sont nombreux, particulièrement au sein des élus qui grincent des dents face à l’investissement public consenti par France Télévisions, a priori autour de 13 millions d’euros. La direction du groupe audiovisuel assure que la somme débloquée provient des recettes de publicité mais le recrutement massif de personnel pour Salto agace alors que des coupes budgétaires viennent saigner les effectifs de nombreux médias du groupe public.

Ainsi, Roger Karoutchi, le vice-président du sénat et membre de la commission des finances, reproche le coût de l’investissement en comparaison aux efforts effectués pour maîtriser les dépenses dans d’autres secteurs. Le manque de clarté au sujet de la gestion financière de la plateforme pèse aussi dans les débats : comme elle n’appartient pas à 100 % au service public, ce dernier ne peut avoir la mainmise dessus. 

Toutes ces réserves et inquiétudes sauront vite si elles doivent se faire plus de souci ou au contraire être rassurées. Les premiers chiffres concernant le nombre d’abonnés seront les plus parlants pour se faire une idée du véritable potentiel de cette plateforme. Alors que l’on entre dans une ère où la télévision ne se consommera plus de manière traditionnelle, Salto pointe le bout de son nez à la croisée entre deux époques. Elle compte maintenant sur son arrivée imminente sur les box des opérateurs pour attirer de nouveaux clients. 

Photos : cnetfrance.fr/ selectra.info