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Route solaire : une centaine de projets vont être lancés

Le département de la Vendée démarre le premier chantier d’application. Depuis sa présentation en octobre, l’innovation de Colas a suscité beaucoup d’enthousiasme mais aussi du scepticisme.

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Financé par le département de la Vendée, ce pilote couvrira 50 m2, et sera destiné à alimenter une borne de recharge pour véhicules électriques.

Par Anne Feitz

Publié le 2 juin 2016 à 18:14

Six mois après avoir dévoilé sa route solaire Wattway, le groupe Colas a lancé ce jeudi son premier chantier d’application en Vendée. Les dalles photovoltaïques en résine, de quelques millimètres d’épaisseur, seront installées sur les voies de circulation du parking du Vendéspace, un complexe sportif et culturel proche de La Roche-sur-Yon. Financé par le département de la Vendée, ce pilote couvrira 50 m2, et sera destiné à alimenter une borne de recharge pour véhicules électriques. « Le département est moteur sur les énergies renouvelables et a souhaité tester notre innovation », se félicite Jean-Charles Broizat, directeur de Wattway.

Depuis sa première apparition , l’innovation de Colas a suscité beaucoup d’enthousiasme… mais aussi un immense scepticisme. En expliquant que couvrir le quart des routes françaises de ses dalles solaires permettrait au pays d’assurer son indépendance énergétique, le PDG de Colas Hervé le Bouc a, d’abord, éveillé l’intérêt de Ségolène Royal : la ministre de l’Energie a promis en mars dernier de dédier 5 millions d’euros de subventions étatiques pour tester l’innovation sur de petites surfaces d’abord, puis plus importantes, jusqu’à aboutir à 1000 kilomètres de routes solaires dans cinq ans.

« Nous avons reçu plus de 1.000 demandes »

Mais Wattway a aussi suscité de nombreuses marques d’intérêt de la part d’Etats étrangers, de collectivités locales, de services publics, ainsi que du secteur privé, en particulier de la distribution : l’accord signé jeudi en Vendée n’est que le premier d’une longue série. « Nous avons reçu plus de 1.000 demandes », affirme Jean-Charles Broizat, directeur du projet chez Colas. « Nous avons sélectionné parmi elles une centaine de projets, sur lesquels nous sommes en train de travailler et qui feront l’objet d’accords similaires d’ici fin 2017, à raison d’un par semaine en moyenne ».

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Financés par les clients, ces cent « chantiers d’application », qui couvriront des surfaces comprises entre 20 et 100 m2, permettront à l’entreprise de tester tous les usages possibles de Wattway (éclairage public, panneaux lumineux, bornes de recharge, habitations isolées…) sous toutes les latitudes et dans différentes conditions de circulation (parkings, voies passantes, etc). Au total, entre 5.000 et 7.500 m2 seront ainsi recouverts de dalles solaires en moins de deux ans. La fabrication en a été confiée à la coopérative ouvrière SNA, située dans l’Orne. « La production industrielle vient de démarrer », assure Jean-Charles Broizat.

Un prix « cible » de 6 euros par wattcrète de puissance installée

Malgré ces premiers succès, les professionnels du solaire ont du mal à croire au déploiement à grande échelle de la route solaire. Principale objection : son coût. Cela n’a évidemment aucun sens de considérer les coûts actuels des dalles Wattway, tout juste sorties des laboratoires. Mais le groupe Colas a lui-même évoqué un prix « cible » de 6 euros par wattcrète de puissance installée d’ici cinq ans. « C’est six fois plus qu’une centrale solaire au sol aujourd’hui ! En outre compte tenu du passage sur les routes, de l’inclinaison moins favorable des panneaux, la production doit être bien inférieure à celle de panneaux classiques », relève un industriel. Olivier Appert, président du Conseil français de l’Energie et ex-président de l’IFP EN, a calculé que les électrons ainsi produits coûteraient 300 euros du mégawattheure, « dix fois le prix de gros actuel de l’électricité, quatre fois le coût de l’éolien terrestre. Et ce, sans compter le coût du raccordement, du stockage éventuel. Combien cela va-t-il coûter au budget de l’Etat ? », s’interroge-t-il.

Affirmant que la circulation ne réduit le rendement des dalles Wattway que de 2% par rapport à des panneaux classiques, Jean-Charles Broizat ne confirme ni n’infirme ce calcul. Mais il réfute l’idée que la route solaire aura à terme besoin de subventions pour se développer. « A un horizon de cinq ans, Wattway trouvera son marché à son prix », indique-t-il, reconnaissant espérer aussi bénéficier de bonds technologiques, comparables à ceux que le photovoltaïque a connus depuis cinq ans. Dans l’état actuel des connaissances et compte tenu des coûts annoncés, Wattway semble pourtant devoir être réservée aux zones isolées ou marquées par la rareté des ressources foncières : sinon, pourquoi ne pas installer des panneaux solaires classiques ? Mais il serait sans doute absurde de tuer l’idée dans l’oeuf: rares sont les grandes innovations à ne pas avoir suscité le pessimisme à leur naissance…

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