Paris-CDG : une nouvelle direction avant transformation
jeudi 29 mars 2018
Le changement de directeur se produit avant le lancement de projets de modernisation et de privatisation.
Le 12 février dernier, Augustin de Romanet, P-DG d’ADP, annonçait le remplacement de Franck Goldnadel, numéro deux du groupe et directeur de Paris-Charles de Gaulle, par Marc Houalla son homologue d’Orly. Ce changement à la direction du premier aéroport français soulève des interrogations. ADP est dans une dynamique positive en passant pour la première fois la barre symbolique des 100 millions de passagers par an, mais s’apprête à opérer de profondes mutations.
Diplômé de l’École nationale de l’aviation civile (ENAC), Franck Goldnadel débute sa carrière chez Airbus Industrie. En 1994, il devient directeur du développement d’Alyzia Airport Services, une filiale d’Aéroports de Paris. Il intègre finalement ADP en 1997. À partir de 2003, il dirige trois terminaux (2E, 2F et 2G) et la gare TGV de Paris-Charles de Gaulle. Il prend les commandes de l’aéroport du nord parisien en 2011 après un bref aparté (2010-2011) à la tête de Paris-Orly.
Un changement de profil de direction
Marc Houalla est également un produit de l’ENAC. À sa sortie de l’école en 1985, il intègre l’aviation civile canadienne, puis en 1987, la Direction générale de l’aviation civile. Après avoir été consultant économique et financier à la SOFREAVIA (1996-1998), il revient à la DGAC en qualité de directeur des opérations de la DAC/Sud. En 2003, Marc Houalla prend les commandes de l’aéroport de Marseille Méditerranée. Ensuite, il dirige l’ENAC (2008-2017) et enfin de Paris-Orly à partir d’octobre 2017.
Si Franck Goldnadel travaillait pour le groupe ADP depuis 20 ans, Marc Houalla a rejoint l’entreprise il y a six mois et n’a pas l’expérience de son prédécesseur sur le hub parisien. Le changement inopiné est surprenant dans la mesure où Paris-Charles de Gaulle entre dans une nouvelle phase d’agrandissement avec le lancement prochain des études de faisabilité pour construire un quatrième terminal et porter la capacité de l’aéroport à 120 millions de passagers.
Terminal 4, CDG Express et Parafe
Le Terminal 4, qui pourra accueillir entre 30 et 40 millions de voyageurs par an, verra sa première tranche achevée en 2024 avant les Jeux olympiques. Paris-Charles de Gaulle a accueilli 69,5 millions de passagers en 2017 et devrait atteindre ses limites capacitaires (80 millions) à l’horizon 2023-2025. Toutefois, le projet fait face à des incertitudes quant à la croissance réelle du transport aérien (2,5 % jusqu’en 2035) et est surtout un gros challenge d’un point de vue technique.
De plus, Paris-Charles de Gaulle doit accueillir un nombre croissant de portiques Parafe pour favoriser le passage des voyageurs à la police au poste-frontière dont le délai peut encore atteindre les 45 minutes. De plus, les travaux du contesté CDG Express devrait débuter cette année en vue d’une meilleure connexion avec la capitale. Si Roissy a considérablement accru sa qualité de service sous la direction de Franck Goldnadel, il est encore loin des meilleurs aéroports.
Une nomination en vue d’une privatisation ?
La nomination de Marc Houalla, un profil financier et institutionnel, se produit peu de temps avant la probable annonce de la privatisation du groupe ADP. L’État, qui possède 50,6 % de la société gestionnaire, espère récupérer huit milliards d’euros de la vente de ses parts. L’opération est sensible politiquement ; le risque de faire tomber un actif stratégique dans des mains étrangères existe. Elle est par ailleurs accueillie avec réserve par les compagnies aériennes qui craignent notamment de voir leurs frais aéroportuaires augmenter.
Marc Houalla entre en fonction à Roissy alors que l’exécutif du groupe ADP connaît des nombreux mouvements. En mars dernier, Augustin de Romanet a annoncé une série de nominations dont celle d’Henri-Michel Comet, successeur de Franck Goldnadel au poste de directeur général adjoint. L’éviction de ce dernier, connu pour son franc parlé, a une dimension politique, mais est aussi une manière de solder l’héritage de Pierre Graff, qui a placé Franck Goldnadel à la tête de Paris-Charles de Gaulle.