Le dernier forum économique international tenu à Saint-Pétersbourg, en Russie, du 6 au 8 juin 2019, a débouché sur des accords importants signés entre les entreprises russes et leurs homologues de l’Union européenne et des Etats-Unis.
La coopération entre les entreprises européennes et russes est de plus en plus importante. Ce rapprochement est la conséquence d’une politique souhaitée par l’Union européenne et le gouvernement russe et fait suite à une réunion qui s’est tenue en décembre 2018 entre Anton Silouanov, le vice-Premier ministre et ministre des Finances de la Russie et Maros Sefcovic, le vice-président de la Commission européenne pour l’union énergétique. Les deux parties ont convenu que l’UE pourrait davantage s’impliquer à l’avenir dans des projets nationaux russes en y exportant le savoir-faire de ses entreprises en matière d’énergie. Au cours de cette réunion, il a aussi été décidé que les transactions entre les entreprises russes et européennes ne devraient plus avoir autant recours au dollar américain. L’UE insiste en effet pour que le commerce bilatéral s’effectue en roubles et en euros[1].
Quelques mois plus tard, du 6 au 8 juin à Saint Pétersbourg, la Russie a tenu son forum économique international annuel. De nombreuses entreprises venues des quatre coins du monde (145 pays représentés) étaient présentes. Parmi les 19.000 participants, figuraient 1.300 représentants de gouvernements dont sept chefs d’Etat. Au total, plus de 650 contrats ont été signés au cours de ces trois jours de forum, pour une valeur totale estimée à 42 milliards d’euros[2].
Distribution d’énergie
Si les Chinois (avec une délégation de plus de 1000 personnes) ont été très actifs dans leurs échanges avec les Russes dans un contexte où la coopération économique est de plus en plus forte entre les deux voisins, les Russes ont tout de même mis à profit les récents échanges avec l’UE pour se tourner massivement vers les entreprises européennes, essentiellement vers les biens de consommation ou sur les constructions dans le domaine de l’équipement, de l’énergie et des télécommunications.
Citons, par exemple, l’accord passé entre le Finlandais Cinia Oy, opérateur d’infrastructures et MegaFon, opérateur de télécommunications en Russie. Les deux parties s’engagent à la construction d’une ligne sous-marine de fibre optique haut débit reliantTokyo à Helsinki en passant par l’océan Arctique. Sur le plan énergétique, Gazprom dirigé par Alexeï Miller, le numéro un en Russie, a signé un contrat avec VNG AG, une entreprise énergétique allemande. A partir de 2021-2022, Gazprom s’engagerait également à fournir 3,5 milliards de mètres cubes de gaz par an à la partie allemande. Côté français, un accord significatif a été passé entre le groupe MND, spécialiste des équipements pour les stations de ski, et KSK, les stations du Caucase du Nord. La production [JS1] de neige artificielle, la sécurisation des pistes ou encore l’élaboration d’un parc d’attraction avec parcours d’aventures seront rendues possibles grâce à la société française.
Biens de consommation
Pour les biens de consommation, Unilever s’est entendu avec X5 Retail Group qui possède plusieurs chaînes alimentaires au sein de son groupe (Carroussel, Perekrestok…). Le géant hollando-britannique s’engage à fournir et installer des machines automatiques de collectes de plastique au sein des magasins russes.
Les Russes se sont aussi tournés vers les Etats-Unis même si le contexte s’est un peu tendu ces derniers mois sur fond d’ingérence russe lors de la dernière élection présidentielle américaine. Cela n’a pas empêché l’Américain Procter & Gamble d’investir près de 33 millions d’euros pour agrandir son usine et créer un nouvel espace de distribution à Novomoskovsk à 200 kilomètres de Moscou.
Vers une coopération UE-Russie renforcée ?
Tous les projets d’envergure réalisés prouvent à quel point la Russie reste un pays où les entreprises occidentales souhaitent investir, en raison, notamment, de l’étendue des possibilités en matière d’exploitation de ressources naturelles. Réciproquement, l’Europe est une formidable source d’opportunités économiques pour la Russie. Apparaissent principalement le secteur énergétique et le secteur minier, domaines dans lesquels la Russie bénéficie d’une forte expertise et valeur ajoutée. Si Gazprom pointe à la première place en matière de partenariat gazier avec l’Europe, d’autres géants de l’industrie russe gagneraient également à nouer de nouveaux contrats en Europe. On pense notamment à plusieurs grands acteurs de la vie économique russe tels que l’UMMC (Ural Mining and Metallurgical Company, fondée par l’influent homme d’affaires Iskander Makhmudov), Transmahholding (équipementier ferroviaire), ou encore Rosneft sous la direction d’Igor Setchine (2e plus grand producteur de pétrole russe).
Dans ce contexte, la question d’une éventuelle levée des sanctions portées par l’UE à l’égard de la Russie reste primordiale. Et en ce sens, les avancées significatives exprimées par le Conseil de l’Europe en juin dernier laissent la possibilité d’entrevoir un avenir meilleur !
[1] https://francais.rt.com/economie/63070-russie-europe-vont-favoriser-paiements-roubles-euro
[2] https://fr.rbth.com/economie/83026-russie-forum-economique-saint-petersbourg-2019-accords-majeurs