KosmoKurs, la réponse Russe à Space-X propulsée par Iskander Makhmudov
mercredi 31 juillet 2019
La conquête spatiale fascine toujours autant le grand public et attire les touristes de l’espace, prêts à débourser des dizaines de millions d’euros pour voyager dans le cosmos. Comme à l’époque de la guerre froide, Etats-Unis et Russie s’affrontent sur le terrain de l’espace en espérant séduire ces « voyageurs » pas ordinaires.
La conquête spatiale fascine toujours autant le grand public et attire les touristes de l’espace, prêts à débourser des dizaines de millions d’euros pour voyager dans le cosmos. Comme à l’époque de la guerre froide, Etats-Unis et Russie s’affrontent sur le terrain de l’espace en espérant séduire ces « voyageurs » pas ordinaires.
A partir de la deuxième moitié du vingtième siècle, Etats-Unis et l’URSS ont dopé la course à l’espace sur fond de guerre froide entre les deux pays. Les Américains ont posé le pied sur la Lune en 1969 mais depuis cinquante ans plus aucun humain n’a marché sur un sol extraterrestre. Depuis la Station spatiale internationale (ISS) a été construite, des robots ont atterri sur Mars ou encore dernièrement sur la face cachée de la Lune.
Si l’on attend avec impatience de voir l’homme trottiner sur Mars ou une autre planète, le domaine spatial reste toujours un objet de curiosité scientifique même si les enjeux géopolitiques ne sont clairement plus les mêmes que dans le passé. L’espace demeure également toujours une source de fascination pour le grand public et depuis une vingtaine d’années, il entre dans le cadre d’une destination touristique pour privilégiés.
Des touristes dans l’espace avec SpaceX
Des gens très riches ont ainsi déboursé entre vingt et trente millions de dollars pour s’offrir quelques jours en dehors de la Terre. Depuis 2001, ils sont sept, six hommes et une femme, à être partis en « vacances ». Pour cela, ils ont dû subir des entraînements intensifs et des formations indispensables au bon déroulement de leur séjour. Sur place, ces touristes de l’espace ne se sont pas contentés de lire un bouquin face aux étoiles mais ils ont participé à des travaux scientifiques en contribuant, en fonction de leurs compétences, à œuvrer pour la mission qu’ils ont accompagnée.
Le tourisme spatial est aujourd’hui en passe de franchir un palier depuis que les gouvernements américains et russes ont autorisé l’accès à l’espace à des entreprises privées. En effet jusqu’ici, les voyages vers l’espace étaient systématiquement gérés par les agences spatiales nationales (NASA pour les Etats-Unis, Roscosmos pour la Russie).
SpaceX, créée aux Etats-Unis, sera ainsi la première entreprise privée à envoyer un touriste dans l’espace. Ainsi le milliardaire japonais Yusaku Maezawa aura le privilège d’être le premier touriste à voyager autour de la Lune puisque son itinéraire consistera à faire le tour du satellite naturel de la Terre. Le voyage est prévu pour 2023 et devrait compter d’autres membres puisque Yusaku Maezawa a fait part de son désir d’emmener avec lui des artistes dans le cadre d’un projet.
Energia et KosmoKurs : des voyages plus courts et moins coûteux pour les Russes
En réponse à SpaceX, les Russes n’ont pas tardé à réagir avec le développement d’entreprises privées chargées de conduire des touristes dans l’espace. Il y a déjà le projet de l’entreprise Energia qui organisera des voyages dix jours maximum dont les prix ne dépasseront pas 100 millions de dollars. Cette société est celle qui fabrique les fusées Soyouz, les seules utilisées pour acheminer les équipages jusqu’à l’ISS. Energia veut créer un module spécial pour touristes afin que quatre ou six personnes puissent voyager plusieurs jours. Le module sera équipé avec deux toilettes, des cabines confortables et un réseau Internet permettant de partager en direct les impressions des voyageurs. Le constructeur d’avion américain Boeing s’est déjà dit intéressé pour collaborer à ce projet.
Par ailleurs, la société KosmoKurs, qui a reçu une licence de la part de l’agence spatiale russe en 2017, va proposer des formats plus courts et moins coûteux dans le premier système commercial suborbital russe. Derrière cette initiative, le capitaine d’industrie Iskander Makhmudov, qui est l’un des investisseurs principaux de ce projet.
Il s’agit ici de vols d’une quinzaine de minutes à une centaine de kilomètres de la surface terrestre. Les participants seront éjectés de la fusée de propulsion via une capsule attachée à un parachute qui permettra aux voyageurs de tester l’apesanteur pendant une durée de cinq à six minutes en circulant librement à l’intérieur de la navette. Pendant ce temps, la fusée de propulsion effectuera le trajet inverse et viendra se reposer sur sa base de lancement. Le coût de l’excursion devrait être situé entre 200 et 250.000 dollars et KosmoKurs a déjà révélé que plusieurs citoyens russes seraient prêts à payer une telle somme afin de s’offrir cette expérience qui devrait voir le jour dans cinq ans. KosmoKurs a annoncé en mars 2019 son intention de créer, d’ici 2023, son propre centre spatial dans la région de Nijni Novgorod. L’entreprise propulsée par Iskander Makhmudov semble donc bien vouloir revoir ses ambitions à la hausse au cours des prochaines années.
Il semblerait que, comme en pleine guerre froide, le secteur de l’espace soit de nouveau en ébullition en Russie et aux Etats-Unis. A la différence que l’enjeu n’est plus un rayonnement géopolitique mais une question de rentabilité et de compétitivité entre entreprises privées.