Jan Jenisch catapulté à la tête du groupe LafargeHolcim
dimanche 30 juillet 2017
LafargeHolcim a choisi un nouveau directeur général externe au groupe afin d'apaiser les tensions internes. A l'annonce de son recrutement, le cours de l'action du groupe suisse a clôturé en hausse de près de 7 % à la Bourse de Paris.
L’incertitude qui pesait sur l’identité du futur patron de LafargeHolcim aura été de courte durée. L’Allemand Jan Jenisch, démarché chez le groupe Zika et jusqu’ici encore méconnu en France, prendra, à la mi-octobre, la tête du leader mondial des matériaux de construction. Il devra impérativement commencer par souffler l’incendie né des récentes tensions internes provoquées par la fusion entre les groupes Lafarge et Holcim, une défiance encore ravivée par l’embarrassant dossier syrien.
Un mois après l’annonce du départ du Franco-Américain Eric Olsen, poussé à la démission suite aux révélations du journal Le Monde, le leader mondial de l’acier et des matériaux de construction a choisi Jan Jenisch, jusque-là directeur général de Sika, pour lui succéder. Le recrutement fin mai dernier de l’Allemand âgé de cinquante ans a été accueilli positivement par les marchés. Le jour même de l’annonce, le cours de l’action a clôturé en hausse de près de 7% lors de la clôture de la Bourse de Paris.
Les principaux investisseurs ont visiblement apprécié le choix du nouveau P-DG, connu pour son profil moderne, et son bilan à la tête du groupe zurichois Sika, spécialiste de la chimie de construction. Un groupe dans lequel Jan Jenisch a fait l’essentiel de sa carrière jusqu’à prendre la direction du groupe. En effet, depuis sa prise de fonction en janvier 2012, le cours de l’action de Sika a plus que triplé, le groupe bouclant par ailleurs l’année 2016 avec une hausse de 5,5 % de son chiffre d’affaires.
Un contexte interne très tendu
Si ces excellents résultats plaident en sa faveur, Jan Jenisch aura toutefois un défi de taille à relever. Il lui faudra s’adapter au gigantisme de son nouveau groupe, qui présente un chiffre d’affaires cinq fois supérieur à celui de Sika. L’autre grand défi du nouveau P-DG sera de mettre fin aux dissensions internes observées ces derniers temps au sein de LafargeHolcim.
Annoncée comme un « mariage d’égal à égal » lorsque la fusion entre Lafarge et Holcim en 2015, la belle aventure entre le groupe français et les Suisses s’est vite transformée en une succession de confrontations internes entre les dirigeants et les actionnaires des deux parties. Un conflit ranimé ces derniers mois après les révélations du journal Le Monde selon lesquelles Lafarge aurait versé entre 2013 et 2014 des milliers de dollars à des groupes armés engagés dans le conflit syrien, possiblement liés à l’Etat islamique, afin d’assurer le bon fonctionnement de son usine près d’Alep.
Une enquête interne suivie d’une démission
Face à l’énorme scandale et aux risques judiciaires potentiels, LafargeHolcim avait commandé une enquête interne, qui a conduit le mois dernier au délogage d’Eric Olsen, via un communiqué du groupe assurant toutefois que le P-DG démissionnaire n’était « ni responsable ni informé des mesures inacceptables » prises en Syrie.
Selon plusieurs sources proches du dossier, l’affaire syrienne aurait encouragé certains actionnaires du camp Holcim à profiter de l’occasion pour pousser vers la sortie des anciens administrateurs de Lafarge. Dans ce contexte très tendu, l’identité du nouveau directeur général était très attendue. Le simple fait que Jan Jenisch ne soit ni un ex-Lafarge ni un ex-Holcim a suffi pour envoyer les signaux positifs espérés par le conseil d’administration pour apaiser les tensions, en plus des qualités relationnelles et managériales intrinsèques du nouveau directeur général.
Un P-DG présenté comme la personne idoine
L’Allemand a l’habitude de ses situations délicates : Sika fait l’objet depuis deux ans et demi d’un bras de fer musclé entre des proches de la famille fondatrice qui veulent prendre le contrôle de l’entreprise, et le management ainsi qu’une partie des actionnaires du groupe qui s’y opposent. Un équilibre précaire que le nouveau patron de LafargeHolcim a su imposer, et dont il devra s’inspirer afin de correspondre au fameux slogan de son nouveau groupe : « Un nouveau leader pour un nouveau monde ».