Intelsat et OneWeb fusionnent et misent sur leur complémentarité
mercredi 3 mai 2017
Le géant Intelsat et la jeune pousse OneWeb ont annoncé leur fusion et souhaitent fournir un Internet à haut débit à tous.
Intelsat, pionnier dans l’utilisation commerciale des satellites de communication, et OneWeb, un acteur ambitieux lancé en 2012, ont annoncé leur intention de fusionner. Le mariage qui doit encore être avalisé formerait une entité inédite mais complémentaire. Dans le futur, le groupe disposerait des satellites géostationnaires d’Intelsat ainsi que d’une multitude de petits satellites du projet de constellation d’OneWeb, dont les premiers exemplaires seront mis sur orbite au cours de l’année 2018.
Intelsat, le consortium intergouvernemental formé dans les années 60 qui associait à l’origine 11 pays, avait pour finalité de fournir des services de télécommunications internationales sur une base non discriminative. Le « Early Bird » ou Intelsat I a été placé sur orbite en 1965 et ouvrait la voie à l’utilisation commerciale des satellites. Aujourd’hui Intelsat gère une flotte d’une cinquantaine de satellites géostationnaires et occupe 25 % du marché de la communication satellitaire.
Réduire la fracture numérique
Lancé il y a cinq ans par l’entrepreneur Greg Wyler, OneWeb a pour projet d’apporter l’Internet haut débit à un prix abordable dans les pays en développement. L’opérateur espère ainsi réduire la fracture numérique à l’horizon 2020. Ses satellites viendraient compenser le manque de câbles et de la fibre optique. Ces derniers ont été conçus, selon Greg Wyler, pour les pays riches et ne sont donc économiquement pas viables dans la majeure partie des régions du monde.
OneWeb compte placer 900 microsatellites low-cost sur une orbite basse, soit 1200 kilomètres contre 36000 pour les unités géostationnaires. Ces satellites ont été conçus par Airbus et seront produits à Exploration Park en Floride à un rythme de 10 à 15 unités hebdomadaire. OneWeb veut s’appuyer sur une production en série pour en limiter le coût unitaire à 500.000 dollars. OneWeb a par ailleurs signé un partenariat avec Arianespace pour l’envoi de ses satellites vers l’espace.
Complémentarité technique et transports connectés
Pour Thierry Guillemain, vice-président exécutif d’Intelsat, la fusion entre les deux entités a un intérêt technique : elle permet à chacun des opérateurs de couvrir des zones inaccessibles indépendamment. Intelsat n’a par exemple pas accès aux zones polaires avec ses satellites géostationnaires positionnés au-dessus de l’Équateur alors que OneWeb n’a le droit d’opérer que dans la mesure où elle ne crée pas d’interférences avec les satellites géostationnaires, ce qui limite son activité dans les zones équatoriales.
Une telle fusion aura des débouchés notamment dans les moyens de transport connectés. Le marché aéronautique est par exemple évalué à 47.500 avions. Si 1800 aéronefs sont connectés actuellement, le secteur connaît une progression de 28 % par an. Le transporteur maritime recherche davantage de connectivité alors que des routes dans l’Arctique sont envisagées. Elles permettraient de réduire de plusieurs milliers de kilomètres le trajet entre le Pacifique et l’Atlantique. Aujourd’hui plus de 30.000 navires sont à connecter.
Alléger l’endettement du groupe
Cependant Intelsat connaît une dette abyssale de 15 milliards de dollars. OneWeb, quant à elle, peine à rassembler les trois milliards de dollars nécessaires à la réalisation de son projet bien que récemment recapitalisé par Softbank. L’opérateur téléphonique japonais va ainsi injecter 1,7 milliard de dollars dans la nouvelle structure et ainsi alléger le poids de la dette. Elle détiendrait à terme 39,9 % des droits de vote du groupe qui sera présidé par Greg Wyler.
L’augmentation de la demande pour les services à large bande servant les appareils connectés pousse les acteurs du secteur à s’activer. Pourtant face au projet de 4000 microsatellites de SpaceX, des ballons stratosphériques de Google ou encore des drones de Facebook, Intelsat et OneWeb semblent avoir de l’avance grâce à leur maîtrise technologique. Le premier arrivé dispose de la priorité d’utilisation des fréquences, ce qui constitue un avantage énorme face à ses concurrents.