Xavier Biotteau

"Chaque génération a su s'adapter, créer et innover", résume Xavier Biotteau.

SDP

Votre entreprise va bientôt fêter ses 178 ans, comment a commencé l'aventure du groupe Eram?

Publicité

Notre famille travaille dans la chaussure depuis 1840, au coeur des Mauges. En 1927, notre grand-père, Albert-René Biotteau, décide de se lancer seul et fonde avec notre grand-mère, Marie-Josèphe Guéry, une activité de négoce, puis un atelier de fabrication de galoches pour enfants. Malgré la crise de 1929, ils parviennent à développer leur affaire et construisent des usines, autour de Saint-Pierre-Montlimart, le berceau familial.

LIRE AUSSI >> Pour devenir riche, il faut "créer sa propre entreprise"

C'est le début de la grande aventure du groupe Eram, dont le nom est la contraction des prénoms inversés de ses fondateurs: ER pour René et AM pour Marie. Albert-René Biotteau était un avant-gardiste. Il a été, par exemple, l'un des premiers à créer une ligne de montage dans l'Ouest. Bien avant leur apparition dans la loi, il a mis en place les allocations familiales et l'intéressement aux bénéfices. Notre père, Gérard Biotteau, rejoindra l'entreprise en 1940. C'est lui qui développera la franchise à grande échelle.

Le groupe est encore totalement familial. N'est-ce pas un frein pour grandir?

Ça ne l'a jamais été. Le groupe Eram est effectivement encore 100% familial. Je suis président du directoire et mon frère Luc en est le vice-président, en charge de la fabrication de chaussures de femmes et de la marque Bocage. Je dirige avec mon épouse, Catherine, la marque Gémo, créée en 1991 pour nous diversifier dans le textile.

Notre frère Marc ne travaille pas dans le groupe, mais il est membre du directoire et participe à toutes les grandes décisions stratégiques. Notre père, décédé récemment, était jusqu'alors président du conseil de surveillance. C'est notre mère qui lui a succédé. Deux de mes filles viennent, à leur tour, de créer leur propre marque: Montlimart.

Dans un marché de la chaussure et de l'habillement sinistré, quelle stratégie appliquez-vous pour vous développer?

Chacune de nos marques doit trouver des relais de croissance à l'international. TBS est vendue dans plus de 80 pays via des distributeurs, Gémo se développe en Europe et en Afrique. Eram est présent en Italie, et sur la plateforme Tmall en Chine. Mellow Yellow vient d'ouvrir au Qatar. Nous nous appuyons aussi sur le numérique pour accélérer notre implantation à l'étranger.

LIRE AUSSI >> Les familles les plus puissantes de France

Quels sont les secrets de votre réussite?

Chaque génération a su s'adapter, créer et innover. Nous réinvestissons tous les bénéfices dans nos affaires, nous ne versons pas de dividendes. Nous ne dirigeons pas sous la pression de résultats financiers à court terme. Le travail est fait avec pour objectif de passer le relais aux générations suivantes. Nous appliquons les mêmes principes que notre père: "on n'a jamais réussi définitivement", "les rentes de situation entraînent la sclérose" et "un industriel rentier est un industriel moribond". Ça donne le ton et le cap.

Chiffre d'affaires: 1,2 milliard d'euros

Effectifs: 7000 salariés

Signe particulier: le groupe ne verse pas de dividendes.

Publicité