La fusion entre Essilor et Luxottica créé un géant mondial de l’optique
jeudi 19 janvier 2017
L’alliance entre l’expertise industrielle d’Essilor et le réseau de distribution de Luxottica est accueillie positivement alors que le marché de la correction visuelle montre de belles perspectives.
Le Français Essilor, leader mondial des optiques de correction visuelle, et Luxottica, fabricant italien de montures de luxe, ont annoncé leur fusion le dimanche 15 janvier. L’union de ces deux groupes devrait donner naissance à un géant pesant plus de 15 milliards d’euros de chiffres d’affaires et employant 140.000 personnes à travers 150 pays. Cette fusion pourrait générer d’importantes économies, consolider les marges et renforcer la position de leader du groupe dans un marché de l’optique en pleine croissance au niveau mondial.
Leonardo Del Vecchio, fondateur de Luxottica et actionnaire majoritaire du groupe, prendra la tête du groupe alors qu’Hubert Sagnières, P-DG d’Essilor, en prendra la vice-présidence. L’entreprise franco-italienne siègera à Charenton-le-Pont (Val-de-Marne) et sera cotée à Euronext devenant la septième capitalisation boursière de la Bourse de Paris avec 50 milliards d’euros.
Ce n’est pas la première fois qu’Essilor et Luxottica tentent de se rapprocher : des pistes avaient été envisagées en 2014. Mais les conditions n’étaient pas réunies, le lunettier italien évoquant alors des problèmes de gouvernance.
Des activités complémentaires
Car Luxottica sort d’une période difficile : les errements de son management ont eu pour effet d’éveiller les interrogations sur la stratégie du groupe. Leonardo Del Vecchio, qui a fondé son entreprise dans une petite ville de Vénétie, a souvent fait part de différences de points de vue avec ses administrateurs, provoquant le départ de trois d’entre eux en 17 mois et poussant le patriarche du groupe à reprendre les pouvoirs exécutifs. De telles responsabilités à 81 ans ne sont pas sans susciter des questionnements quant à l’avenir de l’entreprise.
Le mariage entre Luxottica et Essilor est toutefois accueilli favorablement tant par les investisseurs que par les observateurs. Le fabricant de monture et celui de verre ont des activités complémentaires et Essilor-Luxottica combine l’importance du réseau de distribution de l’Italien avec l’expertise industrielle du Français. À moyen terme, les deux groupes tablent sur des synergies de l’ordre de 400 à 600 millions d’euros. Si la fusion peut avoir un impact négatif sur les opticiens, les acheteurs finaux pourront au contraire être gagnants en voyant le coût verres-monture diminué.
Être en position de force sur les marchés asiatiques
Pour le cabinet Grand View Research, le marché de la correction de vue dépassera les 184 milliards en 2024. Essilor estime à 2,5 milliards le nombre de personnes ayant une vision déficiente non corrigée à travers le monde et en 2015, l’Asie-Pacifique représentait à elle seule 30 % de la demande mondiale. D’ailleurs sur les 800 millions de Chinois ayant besoin d’une correction visuelle, seuls 350 millions sont équipés : l’empire du Milieu reste un marché à conquérir.
La fusion entre Luxottica et Essilor doit encore recueillir l’aval de la direction de la concurrence de Bruxelles. Néanmoins, les obstacles devraient être facilement levés dans la mesure où les chiffres d’affaires cumulés des deux entreprises ne représentent que 16 % du marché. Les dirigeants du futur groupe pourraient pourtant devoir faire quelques concessions sur des segments où les deux entreprises sont en concurrence. C’est le cas notamment de celui des lunettes de soleil où Luxottica et Essilor représentent plus de 50 % du marché.