France TV prend ses distances avec YouTube et Netflix
mardi 7 janvier 2020
Delphine Ernotte, PDG de France TV, a décidé «d'arrêter de mettre les œuvres intégrales sur YouTube». Une politique de désengagement qui s'applique aussi à Netflix.
Cela fait déjà plus d’un an que Delphine Ernotte, la patronne de France Télévisions, annonce vouloir mettre un terme à la politique d’hyper-distribution mise en place par son prédécesseur. Regarder la totalité du dernier «On est pas couché» sur YouTube ne sera bientôt plus possible.
Un isolement qui devient la norme
Les experts affirment souvent que la télévision est un média qui se meurt doucement grignoté par Internet et les nombreuses plateformes de streaming. Les chiffres abondent effectivement en ce sens, ce qui a longtemps encouragé les responsables des grandes chaînes à diversifier les canaux de diffusion en s’associant avec les géants Netflix, YouTube ou plus rarement Amazon Prime. Désormais, l’heure ne semble plus à la collaboration mais à la rébellion pour France Télévisions.
Canal+, M6 et donc France TV semblent en effet tous déterminés à partir en guerre face aux plateformes de streaming. Alors que les dirigeants de YouTube tentent de mettre en avant une envie de «partage de la valeur», pour des PDG comme Delphine Ernotte, la couleuvre a du mal à passer: «le partage des revenus sur YouTube, c’est rien du tout, c’est du pourboire pour le petit personnel». Gilles Pélisson, son homologue chez TF1, déplorait quant à lui que des plateformes comme Netflix refuse de partager ses données sur le les habitudes de consommation des abonnés.
Un sevrage progressif de la dépendance aux plateformes américaines avait donc été mis en place depuis septembre 2018 par le groupe France Télévisions suivant l’exemple de la grande chaîne britannique BBC. Un an plus tard, les résultats ont visiblement satisfait Delphine Ernotte qui persiste dans sa stratégie de rupture. Les programmes des chaînes publiques continueront d’exister sur YouTube mais uniquement via de courts extraits et des teasers.
Pour quel impact économique?
Un changement de direction aussi drastique sera probablement lourd de conséquences pour la société ainsi que ses nombreux associés. Pour la responsable du numérique de France TV, Encarna Marquez, cette politique entrainerait une perte financière serait d’environ 300.000 euros. Cependant, selon le quotidien «La Lettre A», le montant s’élèverait jusqu’à cinq millions. Un écart entre les deux prévisions qui est plus que considérable!
Quoiqu’il en soit, France TV compte compenser cette somme grâce à de meilleures recettes publicitaires notamment sur son site Internet france.tv. À condition bien sûr que l’audience présente sur YouTube ou Netflix soit disposée à modifier ses habitudes. Un pari qui peut sembler risqué tant le public s’est habitué à consommer ses émissions préférés sans allumer son poste de télévision.
Néanmoins c’est surtout du côté des sociétés de production que les dents commencent à grincer. En effet, si les producteurs récoltent quelques recettes publicitaires quand leurs émissions sont visionnées sur YouTube, ces derniers ne touchent pas un centime si le même contenu est vu sur france.tv. France Télévisions devra donc faire attention ! Certes, s’affranchir des intermédiaires américains pourrait être bénéfique pour le service public français, mais à condition de ne pas se fâcher avec ceux qui avancent l’argent pour qu’une émission puisse exister et qui naturellement attendent un retour sur investissement.
Quoiqu’il en soit, le groupe audiovisuel compte bien aller jusqu’au bout de sa démarche et mettre un terme aux émissions intégrales publiées sur YouTube d’ici la fin de l’année 2019.
Sources des photos : lesoir.be / programme-television.ladmedia.fr