Essilor-Luxottica, une union à concrétiser
mercredi 24 janvier 2018
Malgré l’attente du feu vert des autorités de la concurrence et de décisions concernant la direction du futur ensemble, l’OPE est en vue entre Essilor et Luxottica.
Il y a un an, Essilor et Luxottica annonçaient leur fusion. Le groupe français, leader mondial des optiques de correction visuelle, et le fabricant italien des montures de luxe doivent former un géant pesant plus de 15 milliards d’euros de chiffre d’affaires et évoluant sur un marché en forte croissance. Douze mois après le communiqué initial, les deux entreprises attendent encore l’aval de la direction de la concurrence de l’Union européenne. Toutefois, les mouvements ont déjà débuté pour organiser la direction de la future entité.
La fusion entre Essilor et Luxottica marie deux entreprises aux activités complémentaires avec de possibles synergies. Le fabriquant de verres (de correction et solaires) possède une expertise industrielle, quand le lunettier vénitien, propriétaire de Ray-Ban et d’Oakley, dispose d’un réseau de distribution étendu avec 9.000 points de vente. Les potentialités sont faramineuses d’autant plus que, à travers le monde, 2,5 milliards de personnes auraient une déficience visuelle non corrigée et que les experts estiment que le marché de la correction de vue devrait dépasser 18 milliards de dollars en 2024.
Le feu vert de l’Union européenne attendu d’ici le 8 mars
Le mariage des deux entreprises est une fusion de grande taille. En effet, Essilor et Luxottica pèsent chacun 25 milliards d’euros de capitalisation boursière. Mais alors que la réalisation de l’opération de fusion était attendue pour le deuxième semestre de 2017, le feu vert des autorités de la concurrence se fait attendre. Pourtant la fusion a déjà été approuvée dans onze des vingt pays dans lesquels elle devait l’être, mais elle doit encore recevoir l’aval du régulateur des États-Unis (l’Amérique du Nord est le premier marché des deux groupes) et de l’Union européenne.
La Commission européenne pourrait donner son accord à la fusion entre Essilor et Luxottica d’ici le 8 mars prochain. Exane BNP Paribas estime que l’opération de fusion devrait être autorisée sans concession majeure. Le futur groupe n’atteindrait pas une position dominante, même si certains concurrents et opticiens craignent une forme d’hégémonie. Il pourra notamment proposer des packages comprenant des montures et des verres et s’appuyant sur l’image des marques de Luxottica, ce qui pourrait détourner les clients d’autres produits.
Le futur PDG reste à désigner
Les mouvements ont commencé à la tête des deux groupes. Massimo Vian, directeur général de Luxottica a été remplacé par Francesco Milleri, l’homme clé dans la négociation entre le lunettier italien et Essilor. Pour Leonard Del Vecchio, président-fondateur de Luxottica, il pourrait devenir son successeur dans l’éventualité de son décès. Toutefois, l’adoubement de l’homme d’affaires italien ne place pas nécessairement Milleri à la tête de la future entité. Hubert Sagnières, P-DG d’Essilor a quant à lui indiqué que le directeur général serait embauché une fois l’OPE effectuée.
Jusqu’à la nomination d’un nouveau président-directeur général, l’ensemble Essilor-Luxottica sera administré de manière conjointe par Leonard Del Vecchio et Hubert Sagnières. Chacun s’estime par ailleurs trop âgé pour en prendre individuellement la tête. Une fois la question du management réglée, le groupe devra rapidement s’atteler à régler les potentielles différences culturelles entre les équipes françaises et leurs homologues transalpins. Le point a été régulièrement soulevé par les observateurs de la fusion, qui devrait se finaliser au cours du premier semestre 2018.