Dominique Schelcher : un Alsacien à la tête de U

Vingt ans après son entrée dans le secteur de la grande distribution, Dominique Schelcher, 47 ans, vient d’être nommé à la tête de près de 1600 magasins en France, comptant 65.000 employés pour un chiffre d’affaires d’environ 20 milliards d’euros. En effet Système U est aujourd’hui à la quatrième place de la grande distribution française, après Carrefour, Leclerc et Intermarché.

Originaire de Fessenheim en Alsace, Dominique Schelcher met la coopérative de commerçants à l’heure rhénane. De quoi bouleverser la direction qui ne connaissait que des P-DG venant de l’Ouest et plus précisément de Vendée, lieu historique de la création de Système U. Il succède à Serge Papin, qui a dirigé le groupe pendant douze ans.

Un patron « de terrain »

Elu le 17 mai dernier, il prend les rênes du groupe pour un mandat de six ans. Lors de sa prise de fonction, Dominique Schelcher a déclaré qu’il se voyait comme « un président de terrain ». Pour lui, le domaine du commerce connaît aujourd’hui une mutation importante et être aux côtés des associés de Système U et de ses clients lui est primordial. C’est donc sur cet axe qu’il a décidé de bâtir sa présidence. Pour y parvenir, il restera directeur du Super U de Fessenheim. « Parce qu’il est essentiel d’être un patron de terrain, connecté à la base et aux réalités », affirme-t-il à la presse spécialisée.

Son élection est une consécration sans surprise pour ce fils d’épicier connu de ses collaborateurs pour être un « acharné du travail ». Après un Bac C et des études de management, il s’intéresse d’abord à la presse quotidienne régionale et travaille pendant 3 ans au sein du journal L’Alsace avant d’entrer en 1998 dans le monde de la grande distribution en tant que gérant d’un magasin de 3000 m2 en Alsace. Il devient administrateur de Système U Est en 2006 puis P-DG du groupe dans la région et administrateur en 2009.

Le défi du numérique

Si le secteur de la grande distribution attend une révolution face à sa mutation, Dominique Schelcher pourrait bien en être le visage. L’un des principaux défis qui attend ce dernier est celui de la concurrence avec le commerce en ligne et l’intégration du commerce digital aux enseignes du groupe. Son premier fait d’arme est le lancement de l’application « Yaquoidedans » qui permettra aux consommateurs de connaître la composition de chaque produit vendu par la coopérative. Elle sera disponible pour les clients U comme pour les non-clients à l’automne.

Toutefois, le virage digital est rude. Coincées entre les hard-discounters comme Lidl et les grandes enseignes américaines ou chinoises, comme Amazon, les enseignes de la grande distribution alimentaire doivent redoubler de créativité. Les acteurs traditionnels du commerce sont en danger de mort : trop chers, trop de supermarchés et trop de charges. D’où l’idée fin avril de lancer une distribution commune entre Carrefour et Système U avec la création d’une centrale d’achat commune qui devrait être opérationnelle à l’automne.

Outre ce virage numérique, l’autre défi de Dominique Schelcher sera de prendre des parts de marchés dans les villes françaises et en Afrique francophone.