Dietrich Mateschitz, un PDG énergique
jeudi 18 juin 2015
Retour sur la carrière de Dietrich Mateschitz, cofondateur de la boisson Red Bull.
C’est l’homme le plus riche d’Autriche, et la 116ème fortune mondiale. A 71 ans, Dietrich Mateschitz, créateur de la marque Red Bull, jouit d’une renommée qui dépasse largement les frontières de son pays natal. Parfois comparé à Richard Branson ou Steve Jobs, ce visionnaire a pourtant connu des débuts incertains et n’a dû sa réussite qu’à une persévérance sans faille.
Né en Autriche dans la province montagneuse de Styrie, de parents tous deux instituteurs, le jeune Dietrich passe son adolescence sur les pistes de ski qu’il se plait à dévaler dès qu’il en a l’occasion. Mais l’obtention de son bac l’oblige à rejoindre Vienne pour la poursuite de ses études. Optant pour un cursus économique, Dietrich Mateschitz mettra dix années avant d’obtenir son diplôme. Loin de l’image d’un génie précoce que sa carrière ultérieure laisserait supposer, il prend le temps de savourer la nonchalance estudiantine, et ne se montre pas pressé de démarrer sa vie professionnelle.
C’est auprès d’Unilever qu’il entamera cette dernière en tant que commercial, avant de rejoindre la marque allemande Blendax. Il y mène une brillante carrière, parcourant le monde afin de promouvoir les dentifrices de la firme, sans pour autant y trouver une quelconque satisfaction personnelle.
Une découverte qui donne des ailes
C’est en 1982, dans la solitude d’un voyage d’affaire à Hong Kong, qu’il découvre les vertus des boissons énergisantes. Inconnues des occidentaux, ces breuvages fortement dosés en caféine, taurine et vitamines sont au contraire très prisées des asiatiques depuis la fin des années 1970. Des fortunes se sont bâties sur ces boissons alors consommées principalement par les routiers, les ouvriers et les travailleurs agricoles.
En quête d’un renouveau professionnel, Dietrich Mateschitz n’hésite pas une seconde. Quittant Blendax, il fonde avec Chaleo Yoovidhya, son associé thaïlandais, la marque qui deviendra, en 1984, la désormais célèbre Red Bull. Le marché européen est vierge de toute concurrence, et l’entrepreneur entrevoit le potentiel d’un produit inédit. Il est alors le seul à y croire, les études de marché et les tests effectués auprès des consommateurs se révélant catastrophiques.
Dietrich Mateschitz : persévérance et talent marketing !
Endetté par les 500 000 dollars investis dans son entreprise, Dietrich Mateschitz joue très gros en ce 1er avril 1987, jour du lancement de Red Bull sur le marché autrichien. La vision du businessman se révèle on ne peut plus juste : le produit trouve son public, et s’exporte très vite sur tout le continent. Maitrisant parfaitement la science du marketing, Mateschitz va dès le départ se soucier de l’image associée à sa marque. Alors que le milieu festif aurait pu constituer le cœur de sa cible, l’accent est mis sur le dépassement de soi et les exploits sportifs.
L’essor des sports extrêmes dans les années 1990 sera l’occasion pour Red Bull d’être présent sur tous les évènements, en tant que sponsor ou qu’annonceur. Les publicités, toujours branchées et pleines d’humour, sont régulièrement primées. Enfin, pour se distinguer des sodas déjà sur le marché, Dietrich Mateschitz décide de vendre sa boisson plus chère, suscitant un effet de curiosité et d’engouement pour ce produit à nul autre semblable.
Dietrich Mateschitz un homme discret
Aujourd’hui à la tête d’une fortune atteignant les 13 milliards de dollars, Dietrich Mateschitz est un homme discret. N’accordant que très peu d’entretiens aux journalistes, l’homme d’affaires à l’éternel teint buriné privilégie la fréquentation de ses résidences de luxe à celle des médias. Propriétaire d’une ile dans le Pacifique sud achetée à la famille Forbes, ses apparitions, même au sein de ses usines où il est adulé par ses 10 000 employés, se font de plus en plus rares.
Ceux qui ont le privilège de le côtoyer s’accordent à dresser le portrait d’un homme modeste et enthousiaste, comme s’en souvient Gerhard Berger. Figurant parmi les premiers sportifs à avoir couru sous les couleurs de Red Bull, le pilote de Formule 1 a été marqué par le charisme et la passion émanant du personnage. Une passion qui se retrouve à travers les investissements effectués dans le milieu sportif. Car en plus des contrats de sponsoring conclus auprès d’athlètes de toutes disciplines, Dietrich Mateschitz a profité de sa fortune pour acheter un club de football, des écuries automobiles et une équipe de hockey. La liste, qui n’est pas exhaustive et qui est susceptible de rallonger au grès des envies du milliardaire, tient d’un inventaire à la Prévert et sert judicieusement l’image d’une marque toujours jeune et dynamique.
Un avenir radieux
Détenant 49% des parts de la marque, Dietrich Mateschitz se montre catégorique sur un point : Red Bull est et restera une entreprise privée, et aucune ouverture de capital ne sera envisagée. Même si la concurrence se montre abondante, la marque aux deux taureaux représente 43% de parts de marché sur son segment et continue de profiter d’une image positive. Un temps interdit dans certains pays, dont la France, à cause de la présence de taurine, Red Bull est aujourd’hui distribué dans 167 pays, où s’écoulent chaque année plus de 5 milliards de canettes.
Un tel succès a permis à Dietrich Mateschitz d’inaugurer récemment à Salzbourg un immense bâtiment destiné à abriter ses collections d’avions et de voitures de course. Grace à son talent et à son sens des affaires, ce qui n’était qu’un pari risqué dans les années 1980 s’est donc transformé en une véritable mine d’or.