Publicité

Deezer suspend son introduction en Bourse à cause d'Apple et de Netflix

Hans-Holger Albrecht, directeur général de Deezer. ERIC PIERMONT/AFP

VIDÉO - Le pionnier français du streaming musical a évoqué des « conditions de marché » défavorables. En l'occurrence, l'arrivée d'Apple Music et des résultats décevants de Netflix.

Ce devait être l'une des introductions en Bourse les plus emblématiques de l'année. La start-up française Deezer, une des pionnières du streaming musical, a annoncé mardi soir le report sine die de son introduction en Bourse prévue mercredi, grâce à laquelle elle espérait lever 300 millions d'euros. L'opération aurait fait de Deezer un nouveau géant du Web français et valorisé le groupe à environ un milliard d'euros. Un seuil symbolique, dans l'univers des nouvelles technologies.

Cette introduction en Bourse devait également donner à Deezer les moyens de lutter avec le numéro un mondial Spotify et à Apple Music, nouveau venu dans le secteur depuis cet été. Pourquoi ce retournement de situation inattendu? Dans un communiqué très succinct diffusé ce mardi soir, le groupe se justifie en invoquant des «conditions de marché» défavorables pour justifier le report de sa cotation, sans donner d'informations plus précises.

Succession de mauvaises nouvelles

En l'occurrence, deux événements sont intervenus récemment, selon Didier Bench, président du conseil d'administration, qui s'est expliqué au Wall Street Journal .D'abord, le plongeon de 36% de l'action Pandora la semaine dernière, à la suite de la publication de résultats trimestriels décevants. Les dirigeants du service de streaming américain avaient alors pointé l'arrivée d'Apple Music, venu compliquer leur activité et ralentir la hausse du nombre de leurs auditeurs.

Les résultats en demi-teinte de Netflix, publiés une semaine auparavant, n'ont rien arrangé. L'action du service de streaming, qui fonctionne comme Deezer selon une formule par abonnement à 10 dollars par mois, a perdu plus de 10% à la suite de l'annonce d'un ralentissement imprévu de sa croissance du nombre de ses utilisateurs aux États-Unis. «Il nous est préférable d'attendre un peu», a fait valoir Didier Bench au Wall Street Journal.

Un modèle toujours incertain

Deezer, créé en 2007 à partir d'un site pirate et désormais disponible dans plus de 180 pays, dispose d'un catalogue de plus de 35 millions de titres. Le site revendique 6,3 millions d'abonnés, dont presque la moitié est inactive. En 2014, l'entreprise a réalisé 142 millions d'euros de chiffre d'affaires. Des revenus qui ne sont pas encore suffisants pour faire d'elle une entreprise rentable. Depuis 2010, Deezer utilise un modèle de partenariat avec les opérateurs téléphoniques, qui remonte à une association de la start-up avec Orange. Ce partenariat lui avait permis de décoller en France et génère encore aujourd'hui un quart de son chiffre d'affaires.

Cette introduction en Bourse était également un test pour le modèle économique des sociétés de streaming musical, dont le modèle économique est toujours incertain. Ce report annoncé la veille de l'introduction en Bourse n'a donc rien de rassurant. Deezer a assuré de son côté disposer de capacités de financement pour «poursuivre sa stratégie de croissance» et réfléchir à «différentes options» dans le futur. L'hypothèse d'une levée de fonds privés avait également été évoquée.

Annoncé en septembre, le projet boursier de Deezer était un choix à contre-courant: depuis le début de l'année, très peu d'entreprises high-tech ont signé leur entrée en Bourse, que ce soit en Europe ou même aux États-Unis. La cotation du groupe devait commencer mercredi sur Euronext Paris, sous la forme de promesses d'actions.

Sujets

Deezer suspend son introduction en Bourse à cause d'Apple et de Netflix

S'ABONNER
Partager

Partager via :

Plus d'options

S'abonner
3 commentaires
  • patsolaar

    le

    Pour la petite histoire, Spotify, le leader mondial est suédois.

  • Morphéus M.

    le

    L'Apple music est beaucoup mieux et moins cher pour toute la famille.

  • dijonnais

    le

    En clair en français, je n'ai pas trouvé assez de pigeons..

À lire aussi