Les scientifiques du monde entier ne cessent d’inciter les entreprises et les gouvernements à se détourner des énergies fossiles, en particulier le pétrole et le charbon. Comment ces industries amorcent-elles le virage vers un monde d’énergies renouvelables ?
Un changement nécessaire
Les énergies fossiles comme le pétrole, le charbon ou le gaz représentent les trois quarts des émissions de gaz à effet de serre. Le charbon pose particulièrement problème, au moment où est envisagé une transition vers des énergies vertes telle que l’énergie solaire ou éolienne.
Cependant, le charbon est une source d’énergie extrêmement bon marché, c’est pourquoi il est utilisé comme moyen de production pour 40 % de l’électricité dans le monde. Difficile donc de s’en affranchir d’un seul coup, d’autant plus que la consommation mondiale du charbon a encore augmenté ces dernières années. D’un côté, de nombreux pays, majoritairement occidentaux, ont réduit leur consommation de charbon, tandis que d’autres nations choisissent d’en augmenter leur part. C’est particulièrement évident dans les pays qui sont déjà les plus grands producteurs de charbon tels que la Turquie, l’Inde et surtout la Chine le premier producteur mondial.
Pour ce qui est du pétrole, le premier secteur à changer pour réduire son impact polluant semble être celui des transports. En effet, 93 % de l’énergie dépensée dans ces derniers provient du pétrole, alors que de nouvelles offres de voitures et trains électriques se développent chaque année.
Quel avenir pour le pétrole?
Les sociétés pétrolières se préoccupent de plus en plus de la transition vers les énergies vertes qui pourrait menacer leur activité. L’une des solutions les plus répandues pour les grands groupes est tout simplement d’investir dans les énergies renouvelables.
Total, présidé par Patrick Pouyanné, s’associait l’an dernier à deux producteurs d’énergies renouvelables, en vue de répondre à un appel d’offre pour un parc éolien au large de Dunkerque. En 2018, Total prend ainsi le contrôle de 74 % de Direct Energie, le plus gros fournisseur d’électricité et de gaz en France. En 2017, ils avaient déjà racheté 23% d’Eren Renewable Energy, une autre entreprise française spécialisée dans les parcs éoliens et les fermes solaires.
C’est en fait depuis 2011 que Total dépense des milliards d’euros d’investissements dans des batteries, des panneaux solaires, des éoliennes… En moins de dix ans, le géant du pétrole est devenu un producteur d’énergie diversifié qui anticipe un basculement majeur de son secteur d’activité. Son homologue américain, Exxon, a initié des plans similaires, mais a préféré parier sur les hydrocarbures.
Qu’en est-il du charbon ?
Pour sa part, le charbon est encore aujourd’hui la deuxième plus importante ressource en énergie derrière le pétrole, malgré l’avancée des énergies renouvelables ou encore du gaz de schiste.
Pourtant, la Chine a annoncé un plan pour réduire les effets du charbon sur la santé publique, et dans d’autres régions du monde la consommation du charbon s’effrite. Par exemple, aux États-Unis, malgré les promesses de Donald Trump de relancer le « King Coal », le manque de compétitivité du charbon ne lui permet pas de tenir face aux énergies renouvelables ou le gaz naturel.
En Russie, la tendance est également à la transition énergétique. D’ici 2024, pas moins de 47,2 milliards d’euros seront investis par le gouvernement dans divers projets tels que la lutte contre la pollution de l’air, la gestion des déchets, l’assainissement des eaux ou encore la sauvegarde de la biodiversité et les entreprises suivent également le mouvement ! A cet effet, la société UMMC (Ural Mining and Metallurgical Company), grande société d’extraction minière du pays, s’est distinguée dernièrement par l’approche éco-responsable de ses activités. Le groupe, fondé et présidé par Iskander Makhmudov, a lancé de nombreuses initiatives telles que la réhabilitation biologique pour remplacer les anciennes mines à charbon, a investi plusieurs millions dans le traitement des eaux et pour la protection de la faune et de la flore, ou encore, a lancé sa filière d’agriculture éco-responsable, UMMC Agro.
Eaux traitées par l’UMMC, à Syvatogor en Russie
En Europe, des pays tels que la France, l’Angleterre ou la Suède ont choisi une approche drastique. Même si certains Etats membres ont déjà fixé des dates de fermetures de leurs dernières centrales à charbon, des pays tels que la Pologne ou l’Allemagne – dont 40 % de l’électricité est issue du charbon, ont encore largement recours à cette source d’énergie, peu onéreuse et disponible en abondance.
En décembre 2018, les négociateurs du Parlement européen étaient parvenus à s’accorder sur un plan de refonte du marché de l’électricité, notamment en décidant de mettre fin aux subventions accordées aux centrales à charbon. Lors de la COP25 de Madrid, le géant du charbon espagnol Iberdrola a annoncé la fermeture de ses deux dernières centrales à charbon, pour les remplacer par des parcs éoliens et solaires de dernière génération.
Dans le monde entier, les grandes entreprises du charbon, à l’instar de celles du pétrole, semblent donc se diriger vers une transition progressive, les enjeux environnementaux occupant une place de plus en plus centrale dans leurs stratégies de développement.