Changement de direction chez Pernod Ricard France
dimanche 15 avril 2018
Philippe Coutin, actuellement directeur général de la branche Russie et Europe de l’Est, prendra en mai 2019 la direction de la filiale française.
La publication des résultats semestriels du groupe Pernod Ricard, le 8 février, a donné l’occasion à son président Alexandre Ricard d’entériner de nombreux changements au sein de son organigramme. Outre le remodelage du comité exécutif, le dirigeant, qui entame sa troisième année à la tête de l’entreprise familiale, se devait de nommer un successeur à Philippe Savinel, actuel P6DG de la branche France. C’est Philippe Coutin, 52 ans, qui prendra les rênes de cette filiale aux 800 millions d’euros de chiffre d’affaires.
Un fidèle parmi les fidèles
Philippe Coutin aura mené toute sa carrière à l’intérieur du groupe Pernod Ricard qu’il intègre en 1991 après l’obtention d’un diplôme de l’Ecole nationale supérieure agronomique de Montpellier. L’entreprise ne lui était alors pas inconnue puisque le jeune diplômé avait exercé son volontariat du service national (VSNE) dans la filiale ivoirienne du groupe. Faisant ses premiers pas en tant qu’ingénieur au centre de recherche parisien, Philippe Coutin gravit les échelons et se retrouve à la tête, dès 1995, de Pernod Ricard Trinidad.
Depuis Port of Spain, il conjugue ses talents de cadre et d’agronome pour superviser un gigantesque projet de culture de badianier. Un arbuste essentiel au groupe, puisque sa graine, l’anis étoilé, demeure l’ingrédient principal des boissons anisées. Pilotant le projet, Philippe Coutin parvient, en l’espace de quatre années, à remplir sa mission : diversifier les approvisionnements de badiane, jusqu’alors assurés à plus de 80 % par la Chine. Cette période des années 1990 s’inscrit dans une démarche conquérante du groupe, qui s’implante alors fortement en Amérique centrale et en Amérique du Sud.
Changements de latitudes
En 1999, Philippe Coutin est nommé directeur général de Pernod Ricard Russie. Arrivant dans un pays où l’économie est en plein essor, il assoit l’implantation du groupe tout en étoffant le catalogue des produits. Puis il gagne Cuba, où, durant deux années, il dirige la marque Havana Club, avant de prendre la tête, de 2006 à 2013, de la branche espagnole de Pernod Ricard. Actuellement directeur général de Pernod Ricard Russie et Europe de l’Est, Philippe Coutin connaît tous les rouages d’une entreprise qu’il fréquente depuis plus de 27 ans.
Pourtant, son nouveau poste de directeur de la filiale française ne sera pas une sinécure. Le groupe Pernod Ricard, numéro 1 dans l’Hexagone dans le domaine des vins et spiritueux, doit faire face à un étrange paradoxe : si la fine fleur de ses marques est issue des terroirs français, le marché tricolore ne représente que 8 % du chiffre d’affaires global du groupe, et n’a affiché qu’une croissance de 1 % pour l’année 2017. Bien loin des 6 % du marché américain, ou des 7 % du marché asiatique, dopé, il est vrai, par le retour fracassant de la Chine.
Dynamiser le marché français
Philippe Coutin devra donc s’investir sans modération pour redonner vie à un marché déboussolé par les changements d’habitudes des consommateurs. S’il paraît difficile, voire impossible, de relancer une consommation en forte chute depuis les années 1980, le nouveau P-DG devra tenter de fidéliser les Français aux marques exploitées par le groupe.
Si le pastis Ricard, numéro 1 des ventes, ne pose aucun problème, il en va tout autrement des whiskies, nouvelle passion française, qui représentent près de 40 % des ventes de spiritueux. Le William Peel, marque la plus vendue dans l’Hexagone, appartient à un groupe concurrent, tout comme le Jack Daniel’s, le Label 5 et autres Grant’s, qui caracolent en tête des ventes.
Un nouveau défi pour Pernod Ricard, qui devra imposer ses marques Ballantine’s, Chivas Regal et Clan Campbell. Philippe Coutin, qui intègre par ailleurs le comité exécutif du groupe, bénéficie pour cela de toute la confiance d’Alexandre Ricard et devrait profiter de l’excellente dynamique de la société qui a vu, pour l’année 2017, son chiffre d’affaires bondir de 5,1 % pour s’établir à 5,082 milliards d’euros.