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Carambar veut s’offrir Lutti

dimanche 30 septembre 2018

Le confiseur français souhaite acquérir le groupe qui a tenté de le racheter il y a deux ans.

Il y a du mouvement dans le monde de la confiserie : Carambar, numéro 2 du bonbon en France, est entré en négociation avec Lutti son poursuivant direct pour un rachat. L’union pourrait être scellée d’ici la fin de l’année. Carambar & Co, propriété du fonds Eurazeo, et Lutti, passé sous contrôle de Katjes International, ont repris des forces après plusieurs années difficiles. Par ce rapprochement, les deux groupes espèrent maintenant peser face au géant allemand Haribo dans un marché du bonbon en pleine mutation.

Si le mariage se finalise, la nouvelle entité pèserait près de 30 % du marché français de la confiserie et formera un solide second face au leader Haribo et ses 40 % de parts de marché dans l’Hexagone. Pour concurrencer le créateur des Ours d’Or, des Dragibus et des Fraises Tagada, Lutti avait envisagé en 2016 de reprendre Carambar alors mis en vente par Mondelez. Deux ans plus tard, la proie est devenue le prédateur et l’inventeur de la célèbre barre caramélisé s’apprête à avaler celui de l’Arlequin.

Deux groupes moribonds redevenus entreprenants

Le rachat de Lutti par Carambar marque un retour en forme pour ce dernier, passé entre les mains de Danone, Cadbury et Kraft Foods, devenu depuis Mondelez. Carambar et les autres marques du groupe (La Pie qui Chante, Malabar, Kréma, Suchard…) ont longtemps souffert du manque d’investissement de la part de la multinationale américaine. Eurazeo, nouveau propriétaire depuis 2016 a au contraire injecté 35 millions d’euros pour moderniser les cinq sites de production français de sa filiale (Marcq-en-Barœul, Saint-Genest, Strasbourg et Vichy et Blois). 

Lutti, à l’instar de son concurrent, a changé de nombreuses fois de propriétaire et a connu des difficultés financières. Le groupe, racheté en 2011 par le confiseur allemand Katjes, a opéré un repositionnement drastique en 2013 en abandonnant ses marques distributeurs et les bonbons en vrac, marchés à fort volumes mais à faibles marges. Le groupe a renoué avec les profits en 2015, puis a clôturé ses quatre derniers exercices sur des bénéfices. Plus récemment Lutti a redonné vie à la marque Treets, disparues en 1986 au profit de M&M’s.

Rationaliser l’organisation de la future entité

En contrepartie du rachat de Lutti à Katjes International, Eurozeo, cèderait une partie de sa participation dans CPK, holding de la société commerciale Carambar &Co. L’équipe dirigeante devra ensuite s’atteler à rationaliser l’organisation du groupe. En effet, Lutti emploie 400 personnes sur son unique site de Bondues, alors que Carambars & Co compte plus de 2000 salariés. Enfin, il faudra faire cohabiter Sébastien Berghe, P-DG de Lutti et ancien directeur de l’usine Carambar de Marcq-en-Barœul, et Thierry Gaillard, celui de Carambar & Co, à moins d’envisager le départ de l’un d’eux.3030

En plus de lutter contre Haribo, le groupe formé par Carambar & Co et Lutti devra s’adapter à de nouvelles habitudes chez les consommateurs en recherche de produits moins sucrés et à un marché globalement en baisse. Les deux confiseurs ont misés ces dernières années sur le « Made in France », stratégie qui s’est avérée payante mais qui pourraient les pénaliser dans le cadre d’un développement à l’international, notamment à cause de coûts de production trop élevés dans l’Hexagone.