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Baccarat ne devient pas chinois !

jeudi 30 novembre 2017

La cristallerie Baccarat est un joyau français. Son rachat par un fond d’investissement hongkongais fait grincer quelques dents.

La cristallerie Baccarat est un joyau français. Son rachat par un fond d’investissement hongkongais fait grincer quelques dents.

L’histoire de la verrerie de Baccarat remonte au 18e siècle. Cette entreprise est peu à peu devenue une cristallerie de renommée mondiale, dont les pièces basées sur un savoir-faire ancestral sont désormais vendues aux quatre coins de la planète.

Dès 1948, la cristallerie crée une filiale basée à New York et développe son activité aux Etats-Unis. En 2005, elle compte 13 magasins dans le pays de l’Oncle Sam. Sa capitalisation boursière s’élève aujourd’hui à 215,9 millions d’euros et elle emploie 500 personnes.

Mais si la globalisation des marchés a été une chance pour Baccarat qui a pu profiter du rayonnement français dans le monde pour exporter ses œuvres, son actionnariat n’en a pas moins été chamboulé au fil des années. Et la dernière entrée au capital de l’entreprise fait grincer des dents.

Récemment, le « Chinois » FCC est entré dans le capital de Baccarat à hauteur de 88,8 %, faisant de ce fonds d’investissement l’actionnaire majoritaire de l’entreprise. FFC a également annoncé vouloir lancer une OPA pour l’acquisition des 11,2 % restant.

Baccarat ne quitte pas la France

Mais cette acquisition ne signifie pas que Baccarat quitte la France. Elle l’avait en fait déjà fait. Les parts rachetées par FFC étaient précédemment détenues par Starwood Capital Group et L Catterton, deux groupes américains. Pour autant, l’entreprise n’a pas quitté la Bourse de Paris et FFC a indiqué qu’il n’avait pas non plus l’intention de le faire. La directrice Daniela Riccardi devrait également rester en poste. Baccarat, malgré ses changements successifs d’actionnaires, reste une entreprise française.

De plus, en réalité, FFC n’est pas totalement chinois, il est un pur produit de la mondialisation des marchés. Fortune Fountain Capital de son vrai nom, est un fonds d’investissement aux actionnaires répartis aussi bien en Chine continentale qu’en Europe et à Hong Kong, où il a d’ailleurs son siège.

Une stratégie gagnante pour Baccarat

Si Baccarat a accepté cette offre, c’est avant tout pour consolider son action. Cette entrée de FFC dans son capital va lui permettre selon les dires de ses représentants « d’accélérer ses plans stratégiques à l’international et notamment en Asie et au Moyen-Orient tout en soutenant sa croissance dans les marchés développés ».

Les passions suscitées par l’entrée de FFC dans le capital de Baccarat est un parfait exemple d’une mauvaise compréhension de la mondialisation. Baccarat est une entreprise qui s’adapte. Tout comme elle a su s’implanter à l’étranger pour diversifier ses marchés, elle est également capable de se financer sur les marchés globaux, auprès d’acteurs nouveaux.

L’Europe manque d’unité dans sa politique commerciale avec la Chine

Comme à chaque acquisition, reprise ou entrée dans le capital d’entreprises européennes par des entités chinoises, beaucoup craignent des délocalisations ou la perte de notre souveraineté économique. Ces craintes ne sont pas que françaises. Elles ont d’ailleurs été exacerbées lors de la campagne présidentielle américaine.

L’Allemagne aussi se sent concernée. Elle a récemment pris les devants et adopté de nouvelles règles plus strictes pour freiner l’appétit des entrepreneurs chinois sur les grandes entreprises germaniques. Mais dans un espace économique ouvert tel que Schengen, ces questions ne devraient-elles pas plutôt être de la responsabilité de l’Union européenne, qui constitue un poids économique plus fort que chaque pays pris séparément ?