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Transports
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Qui se cache derrière le nouveau venu des aéroports français?

L’entrepreneur Jean-Luc Schnoebelen vient de racheter 18 aéroports français au géant canadien SNC Lavalin. Un beau challenge pour cet inconnu du milieu aéroportuaire.

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Jean-Luc Schnoebelen possède outre l'aéroport de Troyes ceux d'Angoulême, d'Annecy Mont Blanc, Bourges ou encore Toulouse Francaval.

Jean-Luc Schnoebelen possède outre l'aéroport de Troyes ceux d'Angoulême, d'Annecy Mont Blanc, Bourges ou encore Toulouse Francaval.

Aéroport de Troyes

On connaissait ADP et Vinci Airports. Le secteur de la gestion aéroportuaire français découvre un petit nouveau : l’entrepreneur Jean-Luc Schnoebelen. A parts égales avec le petit fonds d’investissements Ciclad (de l’ordre de 350 millions d’euros sous gestion), il vient de racheter la totalité des activités françaises du géant canadien de l’ingénierie et des concessions, SNC Lavalin. 140 millions d’euros de chiffre d’affaires et 1 100 d’employés. Un port de plaisance (Rouen), 13 agences d’ingénierie, et… 18 aéroports en France ! Des aéroports régionaux, de taille moyenne, Annecy, Bourges, Dijon, Nîmes ou Vannes changent donc de propriétaire. Ils quittent le groupe qui avait participé au consortium chinois vainqueur de la privatisation de l’aéroport Toulouse-Blagnac. Et rejoignent… Jean-Luc Schnoebelen, pas franchement une star des aéroports. Ni même des concessions en général.

Longue carrière d’homme d’affaires

Il n’était d’ailleurs pas le premier en lice. Le petit groupe d’ingénierie TPF-I avait d’abord remporté cet appel d’offre lancé il y a un an par SNC Lavalin. Mais ses yeux plus gros que le ventre lui ont fait quitter la partie juste avant l’été. Jean-Luc Schnoebelen n’était pas le plus connu non plus : le numéro 3 français du BTP, Eiffage, et grand concessionnaire autoroutier, était sur les rangs pour la branche aéroportuaire. Lui aussi a dû s’incliner face à cet illustre inconnu… du grand public.

Ce juste sexagénaire barbu, fan de boxe et de thrillers, jouit toutefois d’une longue carrière d’homme d’affaires. Géomètre topographe de formation a d’abord passé 13 ans chez Bouygues. « Mais il n’a vraiment pas le profil de l’ingénieur type », précise un concurrent. Il s’est d’ailleurs surtout fait remarquer, à partir de 1997, en rachetant à la Fédération française du bâtiment, son centre d’expertise, le CEBTP. A l’époque, le centre fonctionne comme une institution quasi-publique, avec ses 400 chercheurs insensibles aux questions de gestion et de commerce. En 2001, Jean-Luc Schnoebelen le confiait à Challenges : « Ils ignoraient s’ils travaillaient à perte ou non ! Et quand on leur demande d’augmenter leurs prix, ils ne savent pas comment faire… car il ne suffit pas d’ajouter un « zéro » arbitraire. » 

Un redresseur d'entreprise

Après un choc culturel et un changement de nom (ce sera Ginger), le patron introduit l’entreprise en Bourse en novembre 2001. Il n’a pas froid aux yeux : « C’était la première IPO depuis le 11 septembre… » se souvient-il aujourd’hui. Pari gagnant : il revend toute l’affaire en 2010 à un concurrent hollandais pour 120 millions d’euros. Jean-Luc Schnoebelen quitte donc les aventures de l’ingénierie les poches pleines. Mais avec un boulet judiciaire à la cheville. Car, en 2008, il a tenté de sauver de la faillite une société corse, SMS, Société méditerranéenne de sécurité, mouillée dans une sombre histoire de marchés publics frauduleux. Il n’y reste que dix mois mais écope en première instance d’une année de prison avec sursis. Jean-Luc Schnoebelen est finalement relaxé en 2012, blanchi. Mais l’expérience le fait définitivement passer dans la catégorie « homme d’affaires du BTP ». Pourtant, à la sortie de cette affaire, il ne semble plus chercher la lumière. A la tête de sa société de conseil en management, JLS Management, il gère ses contrats avec Vinci ou TPF-I tranquillement et discrètement. C’est dans ce cadre que le canadien SNC Lavalin va entrer en contact avec lui.

Depuis 2011, le groupe canadien est pris dans une vaste affaire de corruption et, jusqu’en 2023, radié des appels d’offre de la Banque mondiale. SNC Lavalin a donc lancé un plan massif de restructuration et cessions d’actifs, et retire peu à peu ses pions d’Europe. Restait son activité française, avec ses aéroports, son port de plaisance, et ses ingénieurs. Une lourde charge pour les repreneurs français qui ne sont pas des mastodontes. Certes l’affaire aéroportuaire se porte bien. Youssef Sabeh, qui chapeautait l’activité pour SNC Lavalin et reste aux commandes sous la nouvelle direction française, l’admet : « Aujourd’hui, l’activité est en croissance, sans difficulté. » En revanche, l’histoire est bien différente dans la branche ingénierie, qui représente la moitié de l’ensemble, mais perd 30% de terrain chaque année depuis trois ans. Pire, elle accusait 12 millions d’euros de pertes l’an dernier. Les poches pleines de Jean-Luc Schnoebelen, issues de la vente de Ginger, auront finalement trouvé une destination. Et sa soif d’aventures mouvementées, repris le dessus.

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