Prix Etre utile : Jacques Lacroix, le bâtisseur

Du Sénégal à la Haute-Savoie, Jacques Lacroix sait conjuguer devoir, intérêt et plaisir, autant pour servir l’entreprise familiale, Maped, que pour apporter sa contribution à des causes qui l’animent. C’est ce qu’il entreprend au quotidien avec son engagement volontariste pour le logement social. Il est lauréat du 10e Prix de l'esprit d'entreprendre dans la catégorie Etre utile.
Pour Jacques Lacroix, PDG de Maped, "le chef d'entreprise doit s'impliquer dans la cité pour montrer un aspect positif de l'entreprise, ne pas rester à l'écart..."

La première lettre que Jacques Lacroix a reçue de son père Claude lui demandait de rejoindre l'entreprise familiale haute-savoyarde, Maped. En 1975, à sa sortie d'emlyon, le jeune homme âgé alors de 24 ans - et jeune marié - était en effet parti prendre la tête de deux entreprises agricoles au Sénégal, spécialisées dans la production de melons et de roses Baccara.

"Les actionnaires français cherchaient quelqu'un de téméraire pour défendre leurs intérêts. C'était un véritable bourbier, la société était en quasi dépôt de bilan. Le dirigeant avait quitté les lieux."

Jacques Lacroix ne le regrettera jamais.

Un chiffre d'affaires multiplié par 100

"Ce fut une expérience fabuleuse. J'ai vraiment appris à travailler dans un environnement très difficile et à devenir chef d'entreprise", souligne celui qui, dès le début de l'entretien, précise son goût pour la discrétion.

C'est donc à l'âge de 30 ans qu'en réponse à cette longue missive il rejoint alors Maped et un père qui approche les 60 ans.

"Je suis revenu à un moment difficile. Mon père m'a laissé l'entière responsabilité."

Jacques Lacroix entame alors le redéploiement de l'entreprise, centrée uniquement sur la fabrication de compas depuis 35 ans. Maped réinvente son produit.

"Un moment historique de l'entreprise qui lui a permis de redevenir rentable."

Depuis, sous sa direction, l'entreprise d'articles scolaires et de bureau a multiplié son chiffre d'affaires par 100, grâce à la diversification des produits, qui s'est traduite encore ce printemps par le rachat du fabricant normand de jouets Heller-Joustra.

Engagé par mimétisme

Cet engagement dans l'entreprise n'a pas empêché le dirigeant de s'impliquer hors de Maped.

"Je ne me suis pas posé beaucoup de questions. J'y suis allé, comme la génération précédente. Mon père était impliqué sur des mandats patronaux à une époque où l'engagement patronal était très fort."

Maped conservant son ancrage en Haute-Savoie tout en rencontrant le succès, les sollicitations n'ont pas tardé à arriver pour que Jacques Lacroix s'engage dans d'autres domaines. En 2010, il entre au conseil d'administration de la Banque populaire des Alpes, avant de prendre la présidence du fonds d'investissement de la banque, Expansinvest. Il préside par ailleurs le conseil d'administration de la société annécienne d'HLM Halpades, qui gère 17 000 logements aidés. Un engagement de longue date.

"Je diffuse volontiers ma culture d'entreprise concurrentielle dans un secteur d'activité encore marqué par un mode de fonctionnement très encadré et protégé."

Le dirigeant de Maped découvre le monde du logement social, et s'y découvre lui-même.

"J'aurais aimé être constructeur. Je me sens l'âme d'un bâtisseur."

Le logement à cœur

Jacques Lacroix ne croit pas s'être engagé par devoir ni par conviction.

"Souvent par curiosité... Je ne fais que les choses qui m'intéressent."

Avec un certain succès. Et même si le logement social et les articles scolaires ne semblent pas avoir grand-chose en commun, Jacques Lacroix établit un lien qui lui tient à cœur.

"De nos jours, un chef d'entreprise doit se poser la question du logement d'un nouvel embauché. Le logement est un accès vers l'emploi en Haute-Savoie, où des milliers de familles attendent parfois quatre années avant de trouver un logement aidé."

De telles préoccupations ne peuvent qu'être utiles, non seulement aux demandeurs de logements aidés, mais aussi aux entreprises, et à leur image dans la société.

"On demande à l'opinion publique de comprendre et de protéger l'entreprise. Mais le dirigeant doit s'impliquer dans la cité pour montrer un aspect positif de l'entreprise et ne pas rester à l'écart... Il faut s'intéresser au monde autour de nous, aux situations dramatiques que les gens vivent."


La phrase : Karim Mahmud-Vintam, Les Cités d'or (Lauréat 2014)
"Être utile : Convertir son temps, son intelligence ou son argent en bien commun, ou contribuer à ce que d'autres le fassent."

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