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Services et distribution

Les noces entre la Fnac et Darty pratiquement scellées

La Fnac a revu à la hausse son offre de rachat sur Darty et a convaincu son conseil d'administration. La fusion donnera naissance à un géant de la distribution.
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La Fnac a annoncé sa volonté de racheter Darty, qui a 28 jours pour accepter, ou pas.
La Fnac a annoncé sa volonté de racheter Darty, qui a 28 jours pour accepter, ou pas.

Les bancs n'ont pas encore été officiellement publiés, mais le mariage de Régis Schultz et Alexandre Bompard est quasiment scellé. Les patrons respectifs de Darty et la Fnac ont annoncé, vendredi 6 novembre, "un accord sur les termes clés de l'offre". La Fnac a revu à la hausse sa proposition, dévoilée le 30 septembre. Initialement d'1 action Fnac pour 39 actions Darty, ce qui valorisait cette dernière à 533 millions de livres, elle n'avait pas convaincu le spécialiste du contrat de confiance. Le 26 octobre, son conseil d'administration avait demandé un délai de grâce jusqu'au 11 novembre pour se prononcer. Le distributeur souhaitait notamment voir la proposition améliorée par un paiement en espèces.

"Bonne opération financière"

La demande a été exaucée. L'agitateur culturel offre désormais 1 action Fnac pour 37 actions Darty, assorti d'une possibilité pour les actionnaires de Darty de demander tout ou partie du paiement en espèces, "à hauteur d'un montant maximum de 95 millions d'euros". Quant à la valorisation de Darty, elle grimpe de 15% avec cette nouvelle offre, à 860 millions d’euros.
De quoi réjouir Régis Schultz, qui s'est félicité de cette "bonne opération financière" qui "valorise le travail réalisé depuis deux ans et demi", selon l'AFP. De son côté, le Conseil d’administration de Darty a annoncé que "si une offre ferme était déposée selon les termes décrits ci-dessus, il aurait l’intention de recommander à l’unanimité une telle offre aux actionnaires de Darty." Les marchés ont salué cette nouvelle, le titre Fnac prenant 2,32% à la Bourse de Paris ce vendredi matin, tandis que celui de Darty a bondi de +12,06% à Londres. La Fnac doit encore confirmer son offre de façon ferme d'ici le 11 novembre, et l'Autorité de la concurrence devra donner son accord pour cette fusion. Mais il y a fort à parier que l'on célèbrera bientôt les noces de la Fnac et Darty.

L'union fait la force face à Amazon

Si, en 1965, on avait dit à Natan, Marcel et Bernard, les frères Darty, que cinquante ans plus tard, leur entreprise serait rachetée par la Fédération nationale d’achats des cadres (Fnac), ils auraient sans doute trouvé l’idée saugrenue. Nés tous les deux au milieu des années 1950, Darty et la Fnac avaient alors pour seul souci de gérer leur expansion dans un pays prospère. Un demi-siècle plus tard, l’essor de l’e-commerce et la crise sont passés par là.

Dans la distribution physique, l’heure est au rassemblement pour résister au géant américain Amazon, élu enseigne préférée par les Français pour la troisième fois en quatre ans, selon l’enquête annuelle du cabinet OC&C. Son territoire n’a de cesse de s’étendre, comme l’illustre sa récente incursion dans l’alimentaire, et l'ouverture de sa première librairie physique. En déposant une offre de rachat sur Darty le 28 septembre, la Fnac souhaite donner naissance "au leader de la distribution de produits techniques, culturels et électroménagers en France". Ensemble, ces multispécialistes cotés en Bourse (à Paris pour la Fnac, à Londres pour Darty), au poids équivalent, affichent un chiffre d’affaires de 7 milliards d’euros.

Deux Belles au bois dormant réveillées

On aurait tort de voir dans cette alliance le chant du cygne du commerce en dur. Certes, l’e-commerce a encore crû de 16% au deuxième trimestre, selon la Fédération de l’e-commerce et de la vente à distance (Fevad). Mais, dans le Top-15 des sites les plus visités en France, on trouve à la fois la Fnac, à la troisième place (devant eBay), et Darty, au treizième rang. "Le combat est gagné, les pure players perdent des parts de marché: l’e-commerce progresse grâce aux enseignes physiques", s’exclame Régis Schultz, PDG de Darty. Yves Marin, senior manager chez Kurt Salmon, reconnaît que son entreprise, comme la Fnac, "sont deux Belles au bois dormant qui ont repris du poil de la bête avec 15 % de leurs ventes sur le Web, alors que Surcouf, Chapitre ou Virgin sont morts".

Sous l’impulsion de leurs dirigeants, elles ont su élargir leur offre, avec, par exemple, le mobilier de cuisine pour Darty ; développer leur réseau de magasins par la franchise ; miser sur le service ; et articuler les ventes offline et online. "Le parcours client est devenu multiple", analyse Laurent Glépin, directeur communication de la Fnac. "S’il ne trouve pas son produit en magasin, il veut pouvoir le recevoir chez lui. A l’inverse, s’il entend une musique chez lui, il peut commander puis récupérer le CD en magasin." Ainsi, la part des ventes en ligne qui transitent par la boutique est passée de 5 à 40 % en quatre ans à la Fnac, et de 5 à 30 % en deux ans chez Darty. Fortes de cette révolution, la première a vu son bénéfice net multiplié par trois, à 41 millions d’euros en 2014, et la deuxième affiche un bénéfice net en 2015, après trois années de pertes. Ensemble, elles espèrent pouvoir doper davantage encore leur profit. Et lutter pour leur survie face à la conquête incessante du géant du e-commerce Amazon.

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