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Frédéric Mazzella sur la route du succès - Blablacar

L'entreprise de Frédéric Mazzella vient de réaliser la levée de fonds la plus importante jamais réussie par une start-up française
L'entreprise de Frédéric Mazzella vient de réaliser la levée de fonds la plus importante jamais réussie par une start-up française © Kasia Wandycz
Par Marie-Pierre Gröndahl

Le créateur de Blablacar vient de lever 200 millions de dollars auprès d'investisseurs.  

Travailleur et doué, musicien et matheux, international et patriote, lucide et visionnaire, sympa et exigeant, il a tout bon. Il pourrait en devenir agaçant, sans son humilité non feinte et son profond goût des autres. Frédéric Mazzella, « la plus grande star française de l’Internet », selon Xavier Niel , qui s’y connaît, a le profil idéal pour réconcilier les Français avec la création d’entreprise, les patrons, voire le capitalisme lui-même. Ce Vendéen de 39 ans, fils d’un professeur de mathématiques et d’une enseignante de français, par ailleurs violoniste, a eu l’idée qui a changé sa vie – et qui transformera peut-être un peu le monde – en 2006. Des trains bondés et des voitures vides se rendant parallèlement vers les mêmes destinations, voici l’aberration économique qui a engendré BlaBlaCar, ex-covoiturage.fr, dans la tête de cet inventeur-né qui, enfant, bombardait le magazine « Sciences & vie junior » de ses trouvailles (dont un piège – inoffensif – pour souris).

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Sa découverte lui a causé une insomnie de soixante-douze heures, mais son entreprise de 350 personnes s’impose comme le champion mondial de son secteur, compte 20 millions de membres dans 19 pays et vient de réaliser la levée de fonds la plus importante jamais réussie par une start-up française : 200 millions de dollars, soit 177 millions d’euros. Prochaines étapes, le Brésil et l’Asie. BlaBlaCar, cette plateforme qui permet aux conducteurs de partager le coût d’un trajet avec leurs passagers d’un jour et à ces derniers de se déplacer à moindres frais, moyennant une commission prélevée par l’entreprise, est désormais une « licorne ». Une start-up non encore cotée en Bourse, mais valorisée au-delà de 1 milliard de dollars, dont le modèle est adaptable partout ou presque, comme Uber ou Airbnb , c’est-à-dire le gratin de la Silicon Valley. Frédéric Mazzella utilise lui-même toujours ce service, sans révéler toutefois son identité : « Je l’ai fait une fois et le conducteur ne m’a pas cru. »

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Ancien élève du Conservatoire national de musique de Paris et de Normale sup, il a longtemps hésité entre le piano et les mathématiques

Si l’idée d’origine date de 2004, le jeune entrepreneur ne s’est versé son premier salaire qu’en 2009, empruntant les 70 000 euros nécessaires à sa formation à l’Insead (remboursés en 2013), quitte à manger des pâtes à tous les repas, une perspective supportable pour qui possède comme lui des racines italiennes. Lui-même est un mouton à cinq pattes. Un symbole de la méritocratie républicaine, dans un pays souvent accusé de ne plus offrir de brillants parcours qu’aux rejetons de ses élites. Boursier à Henri-IV en maths sup et spé, reçu à l’Ecole normale supérieure en physique, parti à Stanford – l’année de la création de Google – en payant ses études grâce à un job pour la Nasa, passé par le Japon pour phosphorer sur le « traitement du signal musical », cet ancien élève du Conservatoire national de musique de Paris, qui classe au-dessus de tout la « Barcarolle opus 60 » de Chopin et le « Deuxième concerto » de Rachmaninov, a longtemps hésité entre les mathématiques et le piano. L’un de ses rares regrets est de ne plus jamais jouer, mais son entreprise lui a pris, de son propre aveu, chaque seconde de sa vie depuis dix ans. Heureux en France, jadis préférée à la Californie, Frédéric Mazzella veut convaincre le plus grand nombre d’entrepreneurs tricolores exilés aux Etats-Unis ou ailleurs de rentrer au pays. C’est le sens du mouvement « Reviens Léon, on innove à la maison ! », qu’il a fondé avec d’autres créateurs en mai dernier. Il a tout bon, décidément. 

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