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Attaque du Thalys : le point sur l’enquête

Ayoub El-Khazzani, interpellé vendredi dans le Thalys Amsterdam-Paris, était toujours interrogé lundi dans les locaux de l’antiterrorisme à Levallois.

Le Monde

Publié le 23 août 2015 à 13h37, modifié le 24 août 2015 à 20h21

Temps de Lecture 4 min.

Sécurité renforcée en gare de Bruxelles samedi 22 août à la suite de l'attentat déjoué la veille dans un Thalys.

Ayoub El-Khazzani était toujours entendu lundi 24 août dans les locaux de la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), à Levallois-Perret, en banlieue parisienne. Sa garde à vue a été prolongée samedi et peut durer jusqu’à mardi soir (quatre-vingt-seize heures).

  • Le déroulé des faits

Vendredi 21 août, peu avant 18 heures, alors que le Thalys 9364 Amsterdam-Paris, transportant 554 passagers, était sur le territoire français, en Picardie, un Français de 28 ans qui se rendait aux toilettes croise la trajectoire d’un homme torse nu, armé d’un pistolet automatique Luger et d’un fusil d’assaut kalachnikov. Il tente de l’immobiliser, mais l’homme réussit à lui échapper. Un Franco-Américain reçoit ensuite une balle de pistolet dans le poumon après avoir retiré la kalachnikov des mains de l’agresseur. Ses jours ne sont pas en danger mais le CHU de Lille a affirmé lundi que l’état de cet enseignant à la Sorbonne « reste préoccupant ». Trois jeunes Américains en vacances en Europe et un père de famille britannique parviennent ensuite à plaquer l’agresseur au sol et à le désarmer. L’un d’eux, le militaire Spencer Stone, est blessé au cutter à la main par l’assaillant dans la bataille. L’agresseur immobilisé est interpellé en gare d’Arras (Pas-de-Calais), vers laquelle a été dérouté le Thalys. Il est transféré dans les locaux de la section antiterroriste tôt samedi matin.

En gare d'Arras vendredi soir.
  • Le profil du suspect

Le suspect est formellement identifié par les enquêteurs français samedi soir. Il s’agit d’Ayoub El-Khazzani, un Marocain qui aura 26 ans le 3 septembre. « [Il] vivait en Belgique, est monté dans un train à Bruxelles avec des armes sans doute acquises en Belgique. Et il avait des papiers délivrés en Espagne », a résumé une source proche du dossier à l’AFP.

Originaire de Tétouan, dans le nord du Maroc, Ayoub El-Khazzani arrive en Espagne à 18 ans avec sa famille. Il se fait d’abord connaître des services de police espagnols pour trafic de haschisch. Il est interpellé trois fois. En 2012, le renseignement espagnol, qui le soupçonne d’avoir basculé dans l’intégrisme, le fiche pour ses « relations avec l’islamisme radical ». Il se fait embaucher par Lycamobile, une compagnie de téléphonie britannique, qui lui offre un contrat de six mois pour travailler dans la Seine-Saint-Denis en janvier 2014.

  • Son passé djihadiste
L'arsenal retrouvé sur Ayoub El-Khazzani vendredi soir.

Les services de renseignement espagnols le signalent à leurs homologues français lors de son passage de la frontière, en février ou mars 2014. A son arrivée en France, Ayoub El-Khazzani fait alors l’objet d’une fiche « S » pour « sûreté de l’Etat », qui vise les personnes ayant notamment des liens avec le terrorisme mais qui ne sont pas forcément surveillées. Au bout de deux mois en France, Ayoub est licencié de la société de téléphonie Lycamobile. « Il a effectivement travaillé chez nous sur un CDD de trois mois : du 3 février 2014 jusqu’au 3 avril 2014 », mais l’entreprise « a dû mettre fin à ce contrat au bout de deux mois car les papiers qu’il avait présentés ne lui permettaient pas de travailler en France », a indiqué son ex-employeur, Alain Jochimek, dans un entretien à France Info.

La chronologie de ses déplacements entre 2014 et 2015 est ensuite plus floue. Selon El Pais, les services de renseignement espagnols disent qu’El-Khazzani se serait rendu de France en Syrie, « avant de retourner peu après vers l’Hexagone ». Une source au sein des services de lutte antiterroriste espagnols, citée par l’AFP, a confirmé cette information samedi. Selon Libération, la DGSI retrouve la trace du suspect le 10 mai 2015. Il est alors à l’aéroport de Berlin et s’enregistre, selon une source proche de l’enquête, sur un vol pour Istanbul.

Ayoub El-Khazzani se serait installé en Belgique en 2015, à son retour de Syrie. Selon la RTBF, il n’est pas lié à la cellule terroriste islamiste démantelée à l’issue d’un assaut de la police en janvier à Verviers (Est), contrairement à ce que laissaient entendre de premières informations samedi.

Barbu et en habit traditionnel blanc sur la photo extraite de son compte Facebook, El-Khazzani y reproduit une phrase, « Ansaroo rasoulo Allah », le présentant comme « compagnon » et « envoyé » d’Allah, rapporte le journal belge La Dernière Heure sur son site Internet. Le journal évoque aussi la « propagande anti­occidentale » du jeune homme sur les réseaux sociaux, comme lorsqu’il utilise « une caricature pour s’indigner que le monde pleure sur les victimes de Charlie Hebdo alors qu’il ferme les yeux sur les massacres perpétrés dans le monde ».

  • Le mobile terroriste

Lors de sa garde à vue, au cours de laquelle il est assisté par un traducteur, Ayoub El-Khazzani, qui était lourdement armé lors de son interpellation (une kalachnikov, un pistolet automatique, neuf chargeurs et un cutter), a commencé par nier tout projet terroriste, expliquant, selon son avocate, citée par Le Parisien, avoir trouvé par hasard des armes « dans un parc, près de la gare de Bruxelles, en Belgique, où il avait pris l’habitude de dormir » et avoir décidé de s’en servir « pour rançonner les passagers de ce Thalys ».

« Au cours des six derniers mois, il raconte avoir voyagé en Espagne, à Andorre, en Belgique, en Autriche, en Allemagne et avoir fait un passage en France, mais sans préciser le lieu où il a séjourné. En revanche, il a contesté s’être rendu en Turquie et encore plus en Syrie. »

Mais son profil d’islamiste radical, repéré par les services de renseignement de trois pays européens, oriente bien les enquêteurs vers la piste d’une attaque terroriste, qui aurait pu conduire à un bain de sang. La section antiterroriste du parquet de Paris s’est saisie de l’enquête dès vendredi soir, et le parquet fédéral belge a ouvert samedi une enquête sur la « base de la loi antiterrorisme ».

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